Modes et Manières d’aujourd’hui, 1922 : Fernand Siméon

Ce ne sera qu’en 1922, que la septième et dernière chemise de la série « Modes et Manières d’aujourd’hui » paraîtra. Elle sera réalisée par Paul Valéry et Fernand Siméon.

MM22-pl03

Le tirage de cette chemise est sur le même mode que celui de la chemise précédente : si les  12 premiers exemplaires sont toujours sur papier Japon des Manufactures de Shidzuoka, réimposé, dédicacé, et proposant, chacun, un original du dessin ayant servi à l’une des 12 planches de la chemise, ainsi qu’une suite en deux tons, les exemplaires suivants ne sont plus sur papier Japon. Ils sont tirés sur Papier Vélin de Cuve. Tout d’abord, 17 exemplaires sont proposés dédicacés, avec des remarques originales. Et enfin, 271 exemplaires complètent le tirage.

Les planches de cette sixième publication sont donc de Fernand Siméon :

  • Planche 1 : La Jeune Mère
  • Planche 2 : Piano et chant
  • Planche 3 : Danse
  • Planche 4 : Amazone
  • Planche 5 : Aux Courses
  • Planche 6 : La Chasseresse
  • Planche 7 : L’Homme volant
  • Planche 8 : Intérieur
  • Planche 9 : La Parure
  • Planche 10 : L’Attentat
  • Planche 11 : Bric-à-brac
  • Planche 12 : L’Écran

Paul Valéry (1871-1945), écrivain, poète et philosophe français, fait partie du panthéon des auteurs du XXe siècle. Bien qu’ayant commencé des études de droit, après une école dominicaine où ses parents l’avaient inscrite, il commence à écrire et à publier, à partir de 1889. Sa poésie d’alors est fortement inscrite dans la mouvance symboliste, et l’amène à côtoyer Pierre Louÿs, André Gide et surtout Stéphane Mallarmé. C’est en 1892 qu’il va commencer, selon ses propres dires, à s’éveiller à sa réelle « vie de l’esprit ». Il se consacre alors totalement à l’écriture, philosophique tout autant que fictionnelle ou poétique. Toujours fidèle à la vision poétique mallarméenne, il privilégie la maîtrise formelle, et place le sens en second plan, prétextant que « [ses] vers ont le sens qu’on leur prête ». Il se verra reconnu et comblé d’honneurs après la Première Guerre Mondiale. Il devient membre de l’Académie Française en 1925, où il prend la place d’Anatole France (qu’il parvient à ne pas citer une seule fois dans son discours de réception, en représaille de la position d’Anatole France contre la poésie de Stéphane Mallarmé), premier dépositaire d’une chaire de poétique au Collège de France en 1937… Durant toutes ces années, et les années qui suivent, sa curiosité intellectuelle le mène également dans les parages de la nouvelle physique, et il côtoie des scientifiques et philosophes comme Raymond Poincaré, Louis de Broglie, Henri Bergson ou Albert Einstein. Refusant de collaborer lors de l’Occupation, et allant même jusqu’à prononcer l’éloge funèbre d’Henri Bergson (dénigré par Vichy car d’origine juive), il est démit de ses nombreuses fonctions par le gouvernement. Membre du Front National de la Résistance, il mourra quelques semaines à peine après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Fernand Siméon (1884-1928) est un peintre, illustrateur et graveur français. Élève de l’École des arts décoratifs, il y apprend et perfectionne son art de la peinture et surtout de l’eau-forte. C’est Auguste Lepère qui l’initie à la gravure sur bois. Il participera à de nombreux projets de cette époque, amenant surtout son style typique et sa maîtrise artistique dans le monde du livre, mais également dans celui des tapisseries, pour les Manufactures d’Aubusson.