L’Enfer de Dante, illustré par Gustave Doré (1891)

Munissez-vous d’une obole pour Charon et préparez-vous à embarquer sur le Styx, car nous vous conduisons en Enfer cette semaine ! Et pas n’importe lequel, celui de Dante Alighieri, illustré par Gustave Doré.

Un ouvrage devenu rare

C’est en 1861 que Doré commence à travailler sur l’illustration de « La Divine Comédie » de Dante (qui comprend « L’Enfer », « Le Purgatoire » et « Le Paradis »). Il mettra plus de 7 ans à terminer ce projet (qu’il ponctue par beaucoup d’autres). Doré utilise le format et la technique utilisés pour l’illustration du « Juif errant », de Pierre Dupont. Il abandonne donc la traditionnelle plaque de cuivre et opte pour le bois de teinte (dite gravure d’interprétation ou xylogravure), ce qui lui permet d’obtenir un rendu beaucoup plus subtile et riche grâce aux nuances et demi-teintes des lavis. Cependant, suite à la réticence des éditeurs qui jugent ces éditions in-folio trop luxueuses (et donc trop coûteuses), Doré prend sur lui d’auto-éditer ces oeuvres et publie la première partie de « La Divine Comédie » en 1861. Suite au succès critique et populaire, les éditeurs changent rapidement d’avis ! Cet exemplaire de « L’Enfer » est publié en 1891, chez la Librairie Hachette et Cie. Vous pouvez observer sur nos photographies la richesse des gravures de Doré, leur vivacité et l’adéquation du format in-folio qui permet d’observer chaque tableau dans les moindres détails. Le cartonnage en percaline rouge combiné à un titrage stylisé doré est des plus saisissants. Le tout est en très bon état.

L'Enfer de Dante

Portrait de Dante en frontispice

Gustave Doré, artiste majeur du XIXe siècle

Le jeune Gustave Doré est né à Strasbourg en 1832 et a tout de l’enfant prodige. Très tôt, il manifeste un don précoce pour le dessin. Son esprit curieux est nourri par de nombreuses lectures et son sens de l’observation aigu lui permettent déjà de dessiner des croquis talentueux. A 10 ans, il dessine ses premiers albums, directement inspirés des Scènes de la vie privée et publique des animaux, de Grandville (aux éditions Hetzel). Son style vivace teinté d’humour s’affine vite et à 13 ans, Gustave Doré voit ses premières œuvres publiées, il s’agit de 3 lithographies.

S’ensuit le début d’une carrière riche, innovante et prolifique. Ainsi, Doré coiffera tour à tour les casquettes de caricaturiste, peintre, sculpteur, illustrateur, auteur de bandes-dessinées et graveur. Très vite, il devient incontournable dans le milieu et se fait connaître à Paris alors qu’il n’a que 15 ans. Un de ses grands projets consiste à illustrer les livres de sa bibliothèque idéale, constituée d’une trentaine de « chefs-d’oeuvre de la littérature ». Des Contes de Perrault à Shakespeare en passant par la Bible et Homère, tous auront droit à leur illustration par Doré, jusqu’à devenir indissociables pour certains. Celle du poème de Coleridge (The rime of the ancient mariner*) est considérée comme sa plus grande réalisation.

Après avoir fondé une école de gravure, s’être fait connaître dans toute l’Europe et ouvert la Doré Gallery à Londres, Gustave Doré meurt d’une crise cardiaque en 1883, à l’âge de 51 ans. Il laisse derrière lui plus de 10 000 dessins, illustrations et oeuvres en tous genres. Son héritage est aussi culturel, car Doré aura une influence considérable sur les générations futures d’illustrateurs.

Une des 75 gravures du livre

Une des 75 gravures du livre

Un critique désormais anonyme : « L’auteur est écrasé par le dessinateur. Plus que Dante illustré par Doré, c’est Doré illustré par Dante. »

Paolo et Francesca
L'Enfer de Dante, illustré par Gustave Doré
« de 12 »

*La complainte du vieux marin

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