Edition originale de L’écume des jours, de Boris Vian (1947)

Les amoureux de Boris Vian seront ravis de découvrir aujourd’hui une rarissime édition originale de son roman phare, « L’écume des jours« . Vous reprendrez bien un verre au pianococktail ?

Une édition originale de L'écume des jours

Une édition originale de L’écume des jours

Une fausse 7ème édition

Au 4e plat de la couverture d’origine, il est indiqué qu’il s’agit de la 7e édition de l’œuvre. En réalité, il s’agit bien de l’édition originale, en atteste l’achevé d’imprimer, daté du 20 mars 1947. Une stratégie des éditeurs de l’époque dont Gallimard usait pour stimuler les ventes en faisant croire à de nombreux tirages dus au succès ! Le livre broché possède toujours sa couverture originale et une jolie reliure en vélin blanc a été ajoutée à l’ensemble afin de mieux le protéger. Vous pouvez voir que le titre et le nom de l’auteur ont été finement peints à son dos.

7e édition fictive

7e édition fictive

L’écume des jours, une naissance difficile pour Vian

Pour rappel, Boris Vian est né en 1920 dans les Hauts-de-Seine. Bien qu’ingénieur de formation, il s’essaie à de nombreux genres d’art. Cela va de l’écriture de romans et de poésie, à la pratique de la musique (trompette, chansons, jazz) en passant par le cinéma et même la peinture. De constitution fragile, Vian ne se ménage pas pour autant jamais : il travaille ardemment à de nombreux projets et croque la vie à pleines dents. A seulement 39 ans, il décède d’un arrêt cardiaque pendant la projection de l’adaptatation au cinéma de son roman sulfureux « J’irai cracher sur vos tombes« .

En février 1946, Boris Vian décide d’écrire en secret son premier roman. Malgré le fait qu’il travaille toujours en tant qu’ingénieur, « L’écume des jours » est terminé en 4 mois et prêt à concourrir au prix de la Pléïade, avec lequel l’auteur espère se faire connaître du grand public. Il pense en effet remporter la 1ère place, car plusieurs membres du jury le soutiennent, notamment Jean-Paul Sartre, Jacques Lemarchand, Raymond Queneau et Jean Paulhan. Cependant, ce dernier change d’avis et incite les autres membres  du jury (parmi lesquels figurent Paul Eluard, Albert Camus, André Malraux) à décerner le prix à Jean Grosjean, à des fins politiques. A cette époque, l’éditeur Gallimard est soupçonnée de collaboration. L’auteur est déçu, à juste titre : « L’écume des jours », vendu à seulement quelques centaines d’exemplaires est un échec commercial. La rancoeur de Boris Vian se fera sentir jusque dans ses futures oeuvres et notamment dans « L’automne à Pékin » où l’on retrouve « Ursus de Jeanpolent » et « l’abbé Petitjean ». Aujourd’hui, « L’écume des jours » est considéré comme un classique de la littérature française et se retrouve régulièrement dans le programme scolaire !

L'écume des jours
Boris Vian, Ecume des jours, édition originale
« de 6 »

Noël Arnaud a dit de lui : « L’oeuvre immense laissée de son vivant, et celle qu’il nous laisse, montrent qu’il écrivait vite, et regorgeait d’idées ; on doit ajouter qu’il travaillait dix-huit heures par jour, qu’il dormait peu et que ses vingt ans d’activité comptent double. Il a vécu plus vite et plus longtemps qu’aucun d’entre nous« .