Le Cabinet des Fées de 1785, ou quarante volumes de contes sauvés de l’oubli

Cette semaine, Abraxas-Libris souhaite partager avec vous plus qu’une oeuvre littéraire, mais un pan entier de notre oralité : « Le Cabinet des Fées »*. Cette série monumentale compte pas moins de 41 volumes et compile des centaines de contes que nous ont légués nos aïeux. Un homme est à l’origine de ce travail extraordinaire de collecte: le chevalier Charles-Joseph de Mayer. Résultat, les récits d’auteurs désormais classiques comme Charles Perrault ou Jean-Jacques Rousseau côtoient les contes d’illustres anonymes. Il était une fois…

Un extraordinaire travail de compilation !

L’auteur de cette initiative se nomme Charles-Joseph de Mayer et est né à Toulon en 1751. Ce chevalier a plusieurs cordes à son arc, dont les métiers d’éditeur et de polygraphe (un rédacteur généraliste de l’époque). Il participe de ce fait à plusieurs projets : en travaillant au Mercure de France mais aussi à la Bibliothèque universelle des romans du marquis de Paulmy (1775). Ce dernier a déjà entamé un travail semblable de collecte de contes de fées. C’est qui ce incite de Mayer à continuer la quête de son côté et à faire paraître le fruit de son travail entre 1785 et 1789 ; il s’intitulera « Collection choisie des contes de fées ou autres contes merveilleux » plus simplement appelée « Le Cabinet des Fées ». La quête du chevalier consiste à recueillir   les contes populaires parvenus jusqu’à son siècle et ainsi les sauver de l’oubli. Attention, le compilateur ne se contente pas de consigner tous les contes auxquels il a accès. Il suit une ligne éditoriale en excluant notamment les contes jugés licencieux. De Mayer donne en effet beaucoup d’importance à l’aspect « éducatif » des contes. Il s’exprime ainsi dans sa préface :

« La morale mise en action, & présentée sous les traits de la fiction, est certainement l’idée la plus heureuse pour faire couler sans force & sans gêne les sentimens de la vertu dans un jeune cœur.« 

Par ailleurs, les contes étrangers (orientaux principalement) sont bien représentés car source d’inspiration pour beaucoup d’auteurs français et également très populaires. Il n’y a donc pas de frontières géographiques dans le recueil et il en va de même en ce qui concerne le genre du récit. En effet, ce dernier ne se limite pas au conte de fées, il englobe de façon générale le merveilleux mais comprend aussi les récits non-empreints d’éléments magiques.

Le Cabinet des Fées, tome 1/40 (1785)

Quand Charles Perrault côtoie l’anonymat de la mémoire collective

Aux XVII et XVIIIe siècle, de nombreux auteurs -connus et moins connus, ont déjà écrit voire repris des contes de fées. Voici une liste non-exhaustive de quelques écrivains (ou traducteurs) et contes présents dans « Le Cabinet des Fées ».

Enfin, pour agrémenter ces milliers de pages, notre compilateur a fait appel à M. Marillier, illustrateur de son état et au maître graveur Nicolas Delaunay. Chaque volume est donc accompagné de trois gravures -gravures dont vous pouvez voir un extrait dans le diaporama ci-dessous.

Le travail du Chevalier de Mayer fait écho à un projet cousin d’Outre-Rhin autrement plus célèbre: celui des frères Grimm qui débuteront leur entreprise vingt ans plus tard. Il s’agit là de la même quête : celle de collecter les contes populaires de leur langue natale afin de sauvegarder leur souvenir et leurs enseignements pour les générations futures.

Le Cabinet des Fées (1785)
« de 9 »

*Il manque un tome à notre édition qui compte donc 40 volumes.