6 Mai 2016
La Route des soleils, de Wildy Petoud
Le premier texte que j’ai lu de Wildy Petoud, c’était une nouvelle incroyable dans l’un des premier numéro de la revue Bifrost (le n°4, de février 1997) : « Nirvana, la crise des quarante, le trou de l’ozone, la vaisselle et la boîte des aliens ».
Ce texte (comme son titre le laisse prévoir) n’avait rien de ce que j’avais pu lire jusqu’alors. Prolixe, grouillant, avec un ton décalé, mais qui sonnait tellement vrai, que c’est une nouvelle à laquelle je suis très souvent revenu, tout en cherchant à lire d’autres textes de cette auteure.
À la même époque, je déambulais dans les « Territoires de l’inquiétude », cette série d’anthologies fantastiques du grand Alain Dorémieux… et, dans deux de ses volumes, je retrouvais avec joie la plume de Wildy Petoud (l’une des deux nouvelles, « Accident d’amour », d’ailleurs, remporta la même année le Prix Rosny Aîné et le Grand Prix de l’Imaginaire).
Cette auteure helvète a écrit de nombreuses nouvelles, et seulement deux romans : le totalement fascinant « Tigre au ralenti », et cet incroyablement drôle et foisonnant « La Route des soleils ». Jouissif, jonglant avec une joie non dissimulée avec tous les poncifs du space-opera, cette histoire d’auto-stoppeur intergalactique pris dans les méandres d’un univers trop grand pour lui, ne pourra que vous convaincre.
À lire ! À dévorer même !
10 Mai 2016
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Traité de la Réforme de l’Entendement, de Spinoza
Spinoza est probablement le philosophe le plus fascinant de l’histoire de la philosophie occidentale. Un penseur à part, au rationalisme moniste et panthéiste, alors que le Grand Siècle dans lequel il écrit est tout à l’inverse : sous le regard d’un Dieu Tout-Puissant, et où un dualisme forcené imposait de lourds préceptes moraux (lire, par exemple, l’excellent article sur la différence entre la morale du cocher et l’Éthique, dans le dernier numéro hors série de Philosophie Magazine consacré à Spinoza).
Nietzsche voyait en lui une sorte précurseur de génie… Hegel expliquait de lui que la seule alternative pour tout philosophe, c’était de se frotter à l’oeuvre de Spinoza, ou de ne pas faire de philosophie du tout…
Dans mon histoire personnelle, Spinoza est le philosophe qui a marqué de la manière la plus profonde, ma pensée et ma vie (juste devant un Denis Diderot, qui est, d’ailleurs, l’un des plus spinozistes des philosophes français…)
Ce court traité, inachevé, le « De Intellectus Emendatione » (la tradition traduit le titre par « Traité de la Réforme de l’Entendement », mais les derniers traducteurs lui préfèrent « Traité de l’amendement de l’intellect », plus précis), est consacré à la connaissance. Comment connaissons-nous ? Comment atteindre la vérité ? Mais attention : nous ne sommes pas en présence d’un « Discours de la méthode » à la Descartes. Ce texte ne devait et ne doit pas servir d’introduction à l’ « Éthique ». Non : il s’agit plutôt d’un angle différent, d’une position autre du regard, d’une manière originale d’appréhender (et, pour le philosophe, d’exposer) les idées spinozistes de Vérité, de Dieu, de Liberté…
Une lecture indispensable (comme toute l’oeuvre de Spinoza…), libératrice et porteuse de Lumière, en ces temps de retour de l’obscurantisme…