Lors d’un précédent article concernant la revue « le Tour du Monde » nous avions évoqué avec vous le splendide voyage de Gustave Doré en Espagne en 1863. Nous vous présentons ici un voyage bien antérieur -puisqu’il date de 1836- et également illustré par un artiste reconnu de la première moitié du XIX° siècle : David Roberts, un artiste que l’on connaît surtout pour ses illustrations du voyage en Egypte qu’il effectuera en 1838. Dans ce livre sont réunies les 3 excursions d’Edouard Magnien en Espagne. (Excursions en Espagne, ou chroniques provinciales de la péninsule. Andalousie – La Biscaye et les Castilles – Le Royaume de Grenade) C’est du voyage en Espagne de David Roberts (1832) que sont tirées les gravures et les suites présentes dans cette rare édition complète du voyage de Magnien. En 1837 sont donc publiées les gravures de Roberts en Angleterre sous le titre « Picturesque sketches in Spain » et les 1200 exemplaires de ce livre sont épuisés en deux mois. Mais c’est en 1836 que les gravures paraissent pour la première fois outre-manche dans le « Jenning’s landscape annual or tourist in spain for 1836 ». Notre exemplaire contient, en plus des gravures, des suites que l’on trouvait dans le Jenning’s. Les exemplaires comprenant les 3 excursions sont rares.
Cet abécédaire expressionniste très recherché a été entièrement gravé sur bois par le peintre et graveur allemand Conrad Felixmüller (Dresde, 1897 – Berlin, 1977), formé à la Dresden Kunstgewerbeschule puis à la Königliche Kunstakademie de 1911 à 1915. Artiste engagé, ses puissantes gravures évoquent les réalités sociales de la République de Weimar et dénoncent souvent la condition ouvrière à l’issue de la Première Guerre mondiale. Une pièce rare car vendu en feuille il reste peu d’exemplaire complet. 1 des 250 exemplaires sur Ingres après 100 exemplaires de tête sur vergé Bütten.
Rare et précieux ouvrage imprimé en Finlande, aux « éditions de la main droite » en 1945.
Magnifique collaboration entre Pierre Bettencourt – pour le texte et le frontispice -, Victor Brauner – pour le dessin gravé en couverture -, Henri Michaux pour l’exergue et « at last but not least »… Stendhal dont une citation est recopiée en couverture : « elle avait une petite robe blanche, courte et étroite, qui laissait voir les pieds. »
Tirage sur Arches (il n’aurait été tiré que 75 exemplaires). On consultera pour références l’étude dirigée par Sophie Lesiewicz : « Pierre Bettencourt : sous le signe du désordre, l’auteur et l’éditeur ».
Il n’a pas fallu attendre le XXI siècle pour qu’émerge la volonté d’attirer les enfants et les parents vers le livre en présentant des couvertures tape à l’oeil. Pour nos yeux d’aujourd’hui cette volonté de « vendre » a disparue et nous ne voyons plus dans cette démarche commerciale qu’une mise en valeur particulièrement réussie. Les cartonnages romantiques polychromes, les couvertures typographiées et gravées sont totalement et techniquement inscrits dans des périodes bien déterminées et cela fait à la fois leur charme et leur intérêt historique et bibliophilique.
Un dîner dans le monde chiens : Magnifique album de la collection du magasin des petits enfants publié par Hachette vers 1870, 8 pages, 4 planches hors-texte couleurs, et une double planche hors-texte couleurs (23 cm * 26 cm).
Les merveilles de la nature et de l’industrie humaine ou les chefs d’oeuvre de Dieu et de l’homme : Superbe cartonnage romantique de la librairie des bons livres imprimé en 1853, pleine toile de l’éditeur, grand in-8°, premier plat, quatrième plat et dos polychromes, tranches dorées, frontispice, faux-titre illustré, titre, 264 pages, 6 planches hors texte en noir et blanc sous serpente.
Les amateurs d’art connaissent à coup sûr cette maison d’édition incontournable dans le milieu de l’Histoire de l’Art. Iconographie abondante, recherches à haute tenue intellectuelle et présentation esthétique, chaque parution a la particularité de pouvoir plaire aux connaisseurs comme aux profanes. Une trentaine d’ouvrages est à retrouver aux Neiges d’Antan !
Le meilleur du livre d’art à la française
C’est en 1936 que les Éditions Mazenod voient le jour, avec pour singularité la publication de collections monographiques. Avec notamment « La Galerie des hommes célèbres » dirigée entre autres par Pierre Francastel et Bernard Dorival, « Les Œuvres célèbres » dirigée par Raymond Queneau, plus récemment « L’Art et les grandes cités » ou encore « Art et Nature ». La collection « L’Art et les Grandes Civilisations« , que nous mettons en avant aujourd’hui a été conçue en 1965 par André Leroi-Gourhan. En plus de 50 ans d’existence, ce sont près de 40 titres qui ont été publiés (sans compter les mises à jour régulières). Un nombre de titres qui peut surprendre, mais jusqu’en 1984 – année qui correspond au départ de Lucien Mazenod et à l’arrivée de Françoise de Waresquiel à la tête des Éditions (par la suite rebaptisées « Citadelles & Mazenod »), la société ne publiait qu’un seul et unique ouvrage par an – un cas unique dans l’édition française ! Et une longévité peu commune pour une collection.
Le secret de ce succès?
Une ligne éditoriale et une qualité d’impression ultra-exigeantes. En effet, les Éditions Mazenod font tout simplement appel aux meilleurs auteurs de leur spécialité en histoire de l’art (français comme étrangers). « Dès lors, l’entreprise a pu bénéficier d’une place originale au sein de l’édition d’art en France, garantie par la force unique de deux réseaux commerciaux parallèles et complémentaires, librairie et courtage, qui permettent des tirages sans commune mesure avec ceux de leurs confrères. » Ce qui leur permet également de rayonner dans le monde entier (Europe, États-Unis, Japon).
Les œuvres d’art nous arrachent à l’esclavage de la vie pratique et nous ouvrent le monde enchanté de la contemplation et du rêve. (…) L’art indique aux hommes leur raison d’être. Il leur révèle le sens de la vie, il les éclaire sur leur destinée et par conséquent les oriente dans l’existence. Auguste Rodin
Voici la liste des « Arts et Grandes Civilisations » disponibles aux Neiges d’Antan (quelques autres sont également trouvables chez Abraxas-Libris) :
L’Art de la Renaissance
L’Art de Byzance
L’Art Juif
L’Art Océanien
L’Art Roman
L’Art de l’Ancienne Egypte
L’Art Précolombien
L’Art de l’Asie du Sud-Est
La Préhistoire de l’Art Occidental
L’Art Gothique
Des Arts Barbares à l’An Mil
L’Art du Grand Nord
L’Art Italien (du IVe siècle à la Renaissance)
L’Art Italien (de la Renaissance à 1905)
L’Art Arménien
L’Art de l’Ancien Japon
L’Art de l’Ancienne Chine
L’Art de l’Asie Centrale
L’Art Antique du Proche-Orient
L’Art de l’Inde
L’Art Grec
L’Art des États-Unis
L’Art du XXe siècle
L’Art du XIXe siècle
L’Art Baroque
L’Islam et l’Art musulman
Soit une trentaine d’ouvrages en excellent état, avec leur jaquette et emboîtage et dont le prix se situe entre 40€ et 100€.
Chers amis bibliophiles amoureux de l’histoire du livre et de littérature, nous sommes heureux de vous présenter aujourd’hui le livre des livres dans sa troisième et rarissime édition : Les essais de Montaigne de 1587 !!!
C’est en 1572 que Montaigne commence la rédaction des essais, écriture qui le portera jusqu’à la mort en 1592. Du vivant de Montaigne auront été publié 4 éditions de son livre. 1580, 1582, 1587 et 1588. Il travaillait sur une nouvelle édition, celle-ci paraîtra sous l’égide de sa fille d’adoption, Marie de Gournay, en 1592 d’après les notes que Montaigne reportait sur son exemplaire de l’édition de 1588 (exemplaire que l’on appelle : l’exemplaire de Bordeaux car il était jusqu’au XIX° siècle, conservé dans l’anonymat et inconnu des éditeurs, à la bibliothèque de Bordeaux. Suivront de nombreuses éditions. Il faudra attendre la découverte de l’exemplaire de Bordeaux et le début du XX° siècle pour que l’importance des notes de Montaigne soit révélée aux lecteurs assidus des Essais.
L’édition de 1587 « corrige beaucoup de fautes présentes dans les deux premières impressions des Essais. C’est de loin l’édition la moins problématique puisqu’elle corrige la plupart des erreurs produites dans l’atelier de Simon Millanges » (Bibliotheca Desaniana Catalogue Montaigne paru aux Classiques Garnier en 2011, par Philippe Desan). Elle est très rare d’après Tchemerzine. Ici, en reliure d’époque, l’exemplaire est un parfait marqueur temporel de la vie de Montaigne et de son « Oeuvre ».
Lorsqu’on prononce les mots « Tintin en noir et blanc », le grand public pense immanquablement à « Tintin au Pays des Soviets » paru en 1930. Et pourtant, entre 1931 et 1941, ce ne sont pas moins de huit albums de Tintin qu’Hergé a fait éditer en format noir et blanc : « Tintin au Congo » (1931), « Tintin en Amérique » (1932), « Les Cigares du Pharaon » (1934), « Le Lotus Bleu » (1936), « L’Oreille Cassée » (1937), « L’Ile Noire » (1938), « Le Sceptre d’Ottokar » (1939), et enfin « Le Crabe aux Pinces d’Or » (1941), épisode fameux entre tous, puisqu’il marque la première apparition du Capitaine Haddock dans l’univers de Tintin.
En dehors du cercle des collectionneurs chevronnés, d’aucuns pourraient se questionner quant à l’intérêt de ces albums (étant donné que ceux-ci ont depuis été réédités en couleur). Ce qui en constitue l’attrait principal, c’est que les dessins d’Hergé ne sont pas tout à fait les mêmes que dans les rééditions ultérieures. Ainsi, dans l’édition de 1938 de « L’Ile Noire », les inénarrables jumeaux policiers Dupond et Dupont arborent des visages aux expressions martiales, pour ne pas dire belliqueuses, beaucoup plus prononcées, ce qui agrémente le récit d’un suspense supplémentaire. De même, le noir et blanc ajoute à l’ensemble de l’histoire une indéniable tension dramatique, qui est plus atténuée dans l’édition en couleur.
En dehors même de la superbe patine des pages et de l’évidente beauté plastique de ces albums, la rareté extrême de ces éditions constitue à elle seule une qualité primordiale pour tout collectionneur de Tintin qui se respecte ! D’autant plus que chaque album est agrémenté de quatre pages en couleur, où figurent plusieurs scènes-clés du récit (par exemple, le périple en avion de Dupond et Dupont dans « L’Ile Noire »), isolées de manière splendide, ce qui renforce l’aspect « culte » de ces éditions.
La Librairie Abraxas-Libris propose, outre un triptyque « collector » en noir et blanc ( »Le Sceptre d’Ottokar/ »Tintin en Amérique »/ »Le Crabe aux Pinces d’Or »), un coffret regroupant en petit format l’intégralité des éditions originales de Tintin. Il s’agit là, à n’en pas douter, d’une pièce maîtresse dans l’édition des œuvres d’Hergé, qui ravira aussi bien les collectionneurs aguerris que les néophytes émerveillés (« Tintin au Congo » mis à part, pour des raisons évidentes – Hergé s’est heureusement rattrapé ensuite avec le discours humaniste de « Coke en Stock« ). Grâce à cette magnifique entreprise de réédition, la magie de Tintin traverse, intacte et sans cesse renouvelée, les décennies pour se décliner dans tous les formats (dont le plus récent est une adaptation filmique des plus soignées par le grand Spielberg).
A l’heure des #metoo et des combats pour l’égalité homme-femme, nous vous proposons aujourd’hui un ouvrage décrivant les mœurs d’un autre temps. Un « charmant » livre intitulé « Les muselières pour femmes et autres supplices » écrit par le sociologue Jean Finot au début du XXe siècle ; avec au programme un « ravissant » assortiment d’accessoires pour museler les femmes, accompagné de quelques exemples de tortures punitives. La lutte est toujours d’actualité et cet incroyable catalogue historique nous rappelle -malgré tout- le chemin heureusement parcouru!
Un ouvrage féministe rare écrit par un humaniste éclairé
Contrairement à ce que peut laisser penser le titre, l’auteur ne promeut pas l’utilisation de ces accessoires (de véritables tortures). Au contraire, Jean Finot réalise un travail d’historien et de sociologue critique en étudiant ces pratiques. L’auteur, issu d’une famille juive polonaise, est né à Varsovie à la fin du XIXe siècle. Il est surtout connu pour sa prise de position contre les théories racistes avec son ouvrage majeur « Le préjugé des races » (1905). A l’époque, rares sont les intellectuels qui émettent une opinion différente des théories « scientifiques » racistes ambiantes. Par ailleurs, Jean Finot s’engage dans la lutte et la prévention contre l’alcoolisme (« L’Alarme« ).
Outre son combat contre le racisme et l’alcoolisme, l’auteur cherche aussi à mettre les femmes sur un même pied d’égalité sociale que les hommes, on peut citer :
« La création monosexuelle fait ainsi faillite de nos jours dans la sphère morale et politique, de même qu’elle l’avait déjà fait dans un passé ténébreux, dans le domaine physiologique. »
« Le concours de l’homme et de la femme, indispensable pour la formation des êtres humains, est non moins nécessaire lorsqu’il s’agit d’engendrer une organisation sociale, paisible et stable. »
« Dans tous les pays du globe les revendications des femmes ont abouti ou sont en train de triompher. Et la souveraine de nos destinées de demain prendra sans doute quelque plaisir à constater le chemin qu’elle a parcouru depuis deux ou trois siècles! »
A travers l’ouvrage que nous vous présentons, l’auteur cherche à expliquer pourquoi les femmes sont méprisées depuis l’Antiquité et le Moyen-Âge. Il a écrit un autre ouvrage consacré au sujet du féminisme (même s’il n’en porte pas le nom) : « Préjugé et problèmes des sexes » (1912). Constatant que les mœurs ont évolué rapidement et dans le bon sens, il est convaincu que l’égalité homme-femme sera bientôt établie. Ces propos choisis font pourtant encore écho un siècle plus tard !
Petit musée des horreurs
« Très indulgent pour ses propres défauts, l’homme supportait et supporte difficilement ceux de la femme. Il lui a donc reproché de tout temps d’être bavarde, méchante et potinière. Et il a imaginé un remède devant non seulement la préserver de son pêché capital, mais encore l’empêcher d’une façon absolue de se livrer à un vice dont l’homme se réservait visiblement le monopole. »
Les muselières dont il est question dans cet ouvrage auraient été créées et principalement utilisées en Écosse et en Angleterre à partir des XVIe et XVIIe siècles. De nombreux modèles existent, en fonction de la sévérité de la punition allant d’une sensation désagréable à douloureuse voire insoutenable. Punition qui peut être infligée par le mari bien sûr, mais aussi par ordonnance d’un magistrat et appliquée par le geôlier local. Des modèles simples aux plus sophistiqués, le but est le même: empêcher la femme de parler, l’humilier voire la faire souffrir. Certains des ces dispositifs sont équipés d’une « languette » de métal écrasant la langue afin d’empêcher la parole. Parfois la languette est aiguisée, d’autres fois remplacée par des pointes, etc. pouvant causer des blessures importantes aux « mégères ». Certains modèles sont assortis d’une chaîne afin que le mari puisse exhiber et humilier sa femme plus facilement, ou l’attacher quelque part (place du Marché par exemple). D’autres sont garnis d’une clochette pour prévenir de sa présence, puisqu’elle ne peut émettre d’autres sons. Certaines muselières se contentent de couvrir la bouche et disposent même de trous pour boire, manger ou baver quand elle ne pouvait déglutir.
D’autres supplices plus « classiques » sont aussi décrits, je vous laisse le plaisir de les découvrir par vous-même. A noter que l’usage de ces muselières était aussi courant pour punir et contrôler les esclaves, qui cherchaient notamment à se suicider en ingérant toute substance provoquant la mort. Notons que l’utilisation des muselières en Grande-Bretagne perdura jusqu’en 1824.
Ce livre, d’une grande rareté est une curiosité du XXe siècle que nous vous invitons à découvrir aussi bien en boutique que sur notre site de vente en ligne.
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Pendant l’entre-deux-guerres, de jeunes artistes bretons se regroupent et se fixent un objectif: mettre les arts celtes et breton en particulier au goût du jour. De cette volonté est né le mouvement Ar Seiz Breur (des Sept Frères en breton). Abraxas-Libris vous invite cette semaine à la découverte d’un phénomène artistique régional peu connu et qui pourtant influence encore les artistes bretons d’aujourd’hui.
L’art breton modernisé
Plusieurs versions existent, mais c’est probablement lors d’un cours de celtique à la Sorbonne de Paris que Jeanne Malivel, René-Yves Creston et Georges Robin se rencontrent. Puis, c’est dans un second temps, en 1923 lors d’un pardon à Folgoët que ces derniers (rapidement rejoints par James Bouillé) décident de concrétiser leurs projets. Les artistes sont céramistes, architectes, graveurs ou peintres et font l’état des lieux de l’art traditionnel breton au lendemain de la guerre 14-18. Bretons d’origine, ils ont également étudié les arts décoratifs à Paris et regrettent l’immobilisme de l’art breton qu’ils jugent figé dans le passé. Pour eux, il existe trois raisons principales à cette perception surannée. La culture parisienne d’une part, prenant le pas sur les cultures régionales traditionnelles en les faisant passer de mode. La naissance du tourisme d’autre part, incitant les bretons à conserver leurs attributs pittoresques: l’époque dite de la « biniouserie« . Enfin, nous l’évoquions plus tôt, l’après-guerre et la production massive de monuments aux morts souvent commandés en série, au détriment des sculpteurs et tailleurs de pierre locaux.
Pour les jeunes artistes, l’art se doit d’être l’expression vivante de son peuple et non se contenter de reprendre les mêmes recettes éculées. Tout l’enjeu réside dans le fait de reprendre les codes de l’art traditionnel breton tout en le modernisant.
Sous l’impulsion de Jeanne Malivel, le groupe se trouve un nom symbolique : Ar Seiz Breur, (« les Sept Frères »), une idée qui serait tirée d’un conte du pays gallo.
Les membres fondateurs du mouvement des Seiz Breur
Les trois membres fondateurs ont vite été rejoints par d’autres artistes du milieu culturel breton. Voici quelques-uns de leur représentants.
Xavier de Langlais (né à Sarzeau 1906 – 1975), peintre, graveur, céramiste, verrier et écrivain. Rejoint l’Unvaniezh Seiz Breur en 1924. Militant breton, il œuvrera notamment pour l’art chrétien breton et la langue bretonne vannetaise avec plusieurs revues culturelles. Il fera sa carrière en tant qu’enseignant à l’École des Beaux-Arts de Rennes.
Jakez Riou (né à Lothey 1899 – 1937), écrivain en langue bretonne, il participe notamment à la revue littéraire Gwalarn.
Xavier Haas (né à Paris 1907 – 1950), peintre et graveur. Breton d’adoption, il y rencontre Xavier de Langlais et rejoint les Seiz Breur en 1936 à l’occasion de l’Exposition Internationale de Paris (pavillon Bretagne).
Creston René-Yves et Suzanne (nés à Saint-Nazaire 1898 – 1964 et 1899 – 1979). Lui: peintre (officiel de la Marine), sculpteur, graveur mais aussi ethnologue. Co-fondateur du mouvement qu’il dirigera jusqu’en 1944 où il cédera sa place à Xavier de Langlais (résistant). Elle: céramiste, elle créera par la suite avec Marguerite Gouarlaouen la confrérie des Nadoziou « les aiguilles » afin de promouvoir l’art du tissage.
Jeanne Malivel (née à Loudéac en 1895), elle se tourne vers la peinture, l’illustration et la gravure. Elle participe à la création du journal régionaliste Breiz Atao. Co-fondatrice des Seiz Breur, elle s’en éloigne après des divergences au sein du groupe et meurt prématurément de la typhoïde en 1926.
Youenn Drezen (né à Pont-l’Abbé 1899 – 1972) est journaliste et écrivain, et cherche à travers l’adhésion à de nombreux mouvements littéraires, culturels et artistiques à redonner ses lettres de noblesse à la culture bretonne en général. Gwalarn, Al liamm, Radio Roazon Breiz, L’Heure bretonne, Stur, La Bretagne…
Leurs sources d’inspiration gravitent autour de thèmes séculaires bien ancrés dans l’imaginaire breton: toutes les mythologies celtiques, les incontournables légendes bretonnes (Brocéliande et cycle arthurien), le druidisme, la religion (pardons, pèlerinages, vie des saints). Sans pour autant oublier d’y intégrer la vie quotidienne en reprenant les thèmes traditionnels de la ruralité et de la maritimité. Les décors surchargés, la lourdeur sont abandonnés, pour ne laisser qu’un motif, une forme, épurés et conservant malgré tout l’esprit breton / celte. L’art, bien que plus abstrait reste populaire et décoratif ; il est décliné sur les objets de la maison (faïence, textile, mobilier). Aujourd’hui encore, ce renouveau a gardé sa beauté, sa modernité et continue d’inspirer les nouvelles générations d’artistes.
—- Les curieux peuvent voir ici une petite vidéo présentant une exposition sur le mouvement Seiz Breur aux Beaux-Arts de Rennes (2000). —-
Pour terminer, nous vous laissons avec quelques illustrations caractéristiques du mouvement Seiz Breur (tirées de nos étagères), dont « Ene Al Linennou« , un livre important dans lequel son auteur, Xavier de Langlais y expose ses idées sur l’art et notamment l’importance des lignes dans le dessin et la peinture. Un ouvrage proche de l’essai sur l’art décoratif breton!
Publié en 1967, à titre strictement confidentiel, cet album de photographies érotiques expose les réalisations du talentueux photographe Pierre Jousson. L’édition de 1967 n’est pas signée, mais celle-ci a été reproduite un an plus tard sous les auspices de Régine Deforges, avant d’être immédiatement frappée d’interdiction par le gouvernement conservateur de De Gaulle, ce qui n’a pas peu contribué à accentuer sa rareté.
Faisant montre d’une provocante audace, qui rejette absolument toute pudibonderie, Pierre Jousson propose ici une série de photographies libertines, où deux modèles anonymes (un homme et une femme) s’unissent en toute licence sous le regard complice de l’objectif. Ces instantanés surprenants dégagent un érotisme des plus singuliers, Pierre Jousson n’ayant pas son pareil pour magnifier sur pellicule la fusion sensuelle des chairs – des corps qui se trouvent et qui se troublent.
Par ailleurs, le clair-obscur fuligineux du noir et blanc accentue de manière provocante les poses lascives des modèles, et instaure un saisissant contraste entre les peaux immaculées et l’arrière-plan ténébreux (les scènes sexuelles se déroulant dans un lieu entièrement plongé dans le noir, à l’exception des corps des modèles éclairés par une douce lumière tamisée).
Les planches des photographies sont entrecoupées de feuillets contenant quelques épigrammes fort grivoises de Louise Labé et de Pierre de Ronsard, qui enveloppent d’une fragrance capiteuse le contenu de l’album – au demeurant très épicé :
« Baise m’encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux :
Je t’en rendrai quatre plus chauds que la braise. »
Tout l’album baigne ainsi dans une atmosphère d’ardente volupté, ce qui fait de cet ouvrage un véritable objet de collection, rare et précieux – et tout à fait unique en son genre. En 1967, les productions d’art érotique étaient produites dans la plus complète clandestinité, du fait d’une rigide censure gouvernementale – l’ouragan Emmanuelle, incarnée par la légendaire Sylvia Kristel, n’ayant pas encore ébouriffé le public français… Qu’on se souvienne aussi que, quelques années auparavant, l’éditeur Jean-Jacques Pauvert avait été poursuivi par le Ministère public pour avoir osé promouvoir Sade et éditer l’intégrale des œuvres du Divin Marquis… Il était visiblement périlleux d’aimer les plaisirs de la vie dans la France gaulliste d’après-guerre, et l’on ne peut que saluer la hardiesse artistique de Pierre Jousson, qui s’est inscrit en faux contre le rigorisme hypocrite de son temps.
Dans cet album édité de manière confidentielle, le photographe Pierre Jousson propose uniquement des situations hétérosexuelles, tout autre schéma intime étant à l’époque impensable. Car, un an avant Mai-68, qui fit souffler sur l’Hexagone un formidable vent de liberté, la France végétait sous le règne étouffant de « Tante Yvonne » et de sa réfrigérante chape de plomb morale. La revue gay « Arcadie », dirigée par le très bourgeois André Baudry, et qui proposait des nus timides de couples masculins à ses abonnés, passa ainsi sous les fourches caudines de la justice française, pour avoir eu le courage de s’écarter des « normes » établies.
On peut dire la même chose de l’album Érotiques de Pierre Jousson, qui, par son originalité et son audace, reste le témoignage irremplaçable d’une époque que l’on voudrait croire à jamais révolue, nonobstant l’offensive actuelle des nouveaux puritains.
(photo de la réédition de 1968, différente de celle vendue par Abraxas-Libris, qui propose l’édition rarissime de 1967, éditée à une poignée d’exemplaires)
17 Juin 2020
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Lors d’un précédent article concernant la revue « le Tour du Monde » nous avions évoqué avec vous le splendide voyage de Gustave Doré en Espagne en 1863. Nous vous présentons ici un voyage bien antérieur -puisqu’il date de 1836- et également illustré par un artiste reconnu de la première moitié du XIX° siècle : David Roberts, un artiste que l’on connaît surtout pour ses illustrations du voyage en Egypte qu’il effectuera en 1838. Dans ce livre sont réunies les 3 excursions d’Edouard Magnien en Espagne. (Excursions en Espagne, ou chroniques provinciales de la péninsule. Andalousie – La Biscaye et les Castilles – Le Royaume de Grenade) C’est du voyage en Espagne de David Roberts (1832) que sont tirées les gravures et les suites présentes dans cette rare édition complète du voyage de Magnien. En 1837 sont donc publiées les gravures de Roberts en Angleterre sous le titre « Picturesque sketches in Spain » et les 1200 exemplaires de ce livre sont épuisés en deux mois. Mais c’est en 1836 que les gravures paraissent pour la première fois outre-manche dans le « Jenning’s landscape annual or tourist in spain for 1836 ». Notre exemplaire contient, en plus des gravures, des suites que l’on trouvait dans le Jenning’s. Les exemplaires comprenant les 3 excursions sont rares.