20 Oct 2017
Le Livre de Glace ou Histoire concise et abrégée de tout ce qui regarde la glace (1845)
L’été nous quitte lentement et avec lui le temps des crèmes glacées… La trouvaille de ce mois d’octobre porte sur une technologie révolutionnaire dont on ne saurait plus se passer : le réfrigérateur! « Le livre de glace » ou « The Ice book » est le premier ouvrage à traiter du sujet après l’invention des premières « machines frigorifiques ». Découvrez comment faire de la glace, entretenir sa machine frigorifique ou bien réaliser de savoureuses glaces aux fruits ou même au vin!
Glace et conservation des aliments
Avant l’invention du réfrigérateur au début du XIXe siècle, l’homme – qui a compris assez tôt l’intérêt du froid pour la conservation des aliments, a de tous temps cherché des moyens de tenir au frais son garde-manger. Dès l’Antiquité en effet, les romains et les grecs utilisaient la neige des montagnes qu’ils transportaient et stockaient dans des fosses isolées avec des végétaux afin de s’en servir comme glacière (il en existe des vestiges dans le Jura ou en Belgique notamment). Outre son aspect pratique, la réfrigération éveilla les riches gourmets d’Europe, qui à partir du XVIe siècle plébiscitèrent les boissons rafraîchissantes et les douceurs glacées. Ce goût pour le froid ne tarda pas à faire de la vente de neige et glace un commerce florissant, qui connait son apogée au XIXe siècle où toute une filière se met en place.
La glace, prélevée à la surface d’étendues d’eau douce gelées est stockée dans des glacières avant d’être transportée, principalement par bateau et train dans le monde entier. Dans les années 1830-40, certains navires à vapeur transportaient de la glace depuis l’Amérique du Nord jusqu’en Europe et d’un bout à l’autre du Commonwealth (des Indes britanniques en Australie!). Principalement destinée à l’industrie agroalimentaire, la glace révolutionne son fonctionnement en repoussant les frontières de la conservation, les wagons frigorifiques permettant ainsi de transporter de la viande, des fruits et légumes d’un bout à l’autre du continent nord-américain notamment. Idem pour les pêcheurs pour qui l’utilisation de glace sur les bateaux leur permettait de rester plus longtemps en mer.
A l’apogée du commerce de la glace à la fin du XIXe siècle, les deux principaux exportateurs sont l’Amérique du Nord et la Norvège. Le premier emploie près de 90 000 ouvriers dans le secteur et le second exporte un million de tonnes de glace par an, et ce grâce à un système original consistant à utiliser un réseau de lacs artificiels. Peu avant la Première Guerre Mondiale, la production artificielle de glace prend le pas sur les récoltes d’hiver.
Invention de la machine frigorifique
Plusieurs avancées technologiques et dépôts de brevets se succèdent:
- Le premier brevet, déposé en 1834 par l’américain Jacob Perkins concerne la réfrigération à l’éther utilisant le cycle de compression de vapeur.
- En 1850, le français Ferdinand Carré invente une machine fonctionnant à l’ammoniaque.
- C’est en 1851 que la machine frigorifique est utilisée pour la première fois à l’échelle industrielle. Un imprimeur écossais émigré en Australie du nom de James Harrison remarque que l’éther qu’il utilise pour nettoyer ses caractères d’imprimerie refroidissait remarquablement le métal en s’évaporant. Il utilise lui aussi un système de compression qui lui fournit des résultats probants. Cependant en 1860, sa machine est encore trop chère comparée à la glace d’importation, et James Harrison fait faillite.
- En 1858, le français Charles Tellier améliore le système de Harrison et ouvre l’utilisation de la machine frigorifique à l’usage domestique mais aussi au transport réfrigéré.
- En 1876, l’allemand Carl von Linde invente le réfrigérateur tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Entre-temps, une femme du nom de Nancy Johnson de Philadelphie dépose en 1843 le brevet de la sorbetière. Son fonctionnement et de nombreuses recettes de glaces, crèmes et autres desserts glacés sont expliqués dans « Le Livre de Glace » (écrit par Thomas Masters) dont nous vous proposons la traduction française de 1845. Rappelons que les ouvrages sur ce thème, celui de la glace sont d’une grande rareté. A vos cornets!
10 Nov 2017
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Les Oiseaux de l’Egypte et de la Syrie, 14 magnifiques gravures par procédé Jacomet (Le Jardin de Flore 1979)
Ce n’est pas une simple trouvaille, mais un véritable trésor visuel que la librairie vous propose cette semaine ! Les naturalistes, amoureux des oiseaux mais aussi collectionneurs en tous genres vont pouvoir découvrir une très belle rareté. Il s’agit de 14 planches sous chemise représentant 44 gravures d’oiseaux égyptiens et syriens réalisées avec le procédé Jacomet. Elles sont accompagnées de cahiers d’explication et de classification des espèces signées Jules-César Savigny et Victor Audouin. Découvrez avec nous l’histoire du conquérant et du scientifique, de l’architecte et de l’imprimeur qui se cache derrière cette oeuvre magnifique.
Une des 14 planches publiées par Le Jardin de Flore
Les expéditions napoléoniennes
L’histoire originelle des ces gravures remonte au début du XIXe siècle, du temps où Napoléon avait pour ambition de conquérir l’Egypte. Outre son armée, l’empereur y a aussi emmené une importante délégation de scientifiques et artistes, dont les observations seront consignées dans l’un de chefs-d’oeuvre de l’édition française: La description de l’Egypte. Cette entreprise monumentale compte pas moins de 23 volumes, dont 13 consacrés aux gravures (ce qui représente plus de 1000 planches quasi-intégralement en noir). Un défi logistique et technique, puisque l’expédition a nécessité de nouveaux moyens pour aider fabricants de papier, les graveurs et les imprimeurs à mener à bien leur tâche hors-norme (certains formats de papier pouvaient aller jusqu’au mètre carré).
Les planches d’oiseaux dont il est question aujourd’hui, appartiennent naturellement à la série des Oiseaux, dont l’étude a été confiée à Jules-César Savigny (botaniste/zoologiste/ornithologue). Les planches originales ont été réalisées à la gouache.
Fernand Pouillot et le Jardin de Flore
Grand architecte de formation, Fernand Pouillon (1912-1986) nourrit d’autres passions qu’il finit par assouvir avec humanisme et talent. Il s’essaiera aussi à la littérature avec un roman écrit en prison et la publication de ses mémoires en 1968. Ce n’est ni à l’un ni à l’autre que nous faisons référence aujourd’hui, mais au Fernand Pouillon éditeur. Celui qui crée en 1974 le Jardin de Flore. Une maison d’édition dont le but avoué est l’excellence bibliophilique. S’entourant des meilleurs spécialistes et artisans d’art et du livre (dont fait partie Daniel Jacomet cité plus bas), il cherche à rééditer à 250 exemplaires la fine fleur des ouvrages d’art et d’architecture du XVe au XXe siècle. Il souhaite également réaliser des oeuvres originales à l’aide de méthodes artisanales autour de certains thèmes de prédilections comme les jardins, les bijoux ou encore les oiseaux…
Tirage numéroté et limité à 250 exemplaires (ici le n°91), sur papier Chiffon du Moulin du Gué
Le procédé Jacomet
Véritable artisan du livre, Daniel Jacomet s’est consacré à la recherche de techniques toujours plus poussées dans les domaines de la phototypie, du pochoir et du vieillissement du papier. Des techniques avantageusement utilisées lors de la production de fac-similés de documents anciens (« gravures et dessins rehaussés, aquarelles, pastels, sanguines et manuscrits »). A tel point que son nom est donné au procédé qu’il a élaboré et il est aujourd’hui établi que ce dernier « tend vers une fidélité de reproduction reconnue comme unique au monde« . Ainsi Jacomet compte parmi ses réalisations des fac-similés du Manuscrit B de De Vinci, celui de Champollion, mais aussi des carnets de dessins de grand maîtres peintres (Picasso, Gauguin, Matisse…)*. C’est Daniel Jacomet lui-même qui a reproduit les 14 planches de la suite des Oiseaux et procédé, entièrement à la main et avec l’aide de Jean-Marie Le Danois, à la mise en couleurs des oiseaux. Ceux-ci, au nombre de 44, sont représentés grandeur nature. Admirez plutôt!
*Plus d’informations concernant le procédé Jacomet sur le site de l’imprimeur (un savoir-faire qu’il a transmis à ses descendants).