17 Fév 2020
0 CommentsLes éditions Arthaud et la collection « Les Beaux Pays »
La maison d’édition Arthaud puise ses racines dans les murs d’une mythique maison grenobloise du XVIe siècle, à l’architecture épatante (grand escalier en pierre de taille, puits, arcatures et balustrades…) de ce qui fut deux hôtels particuliers accolés. L’un appartenant à Jean Rabot, ministre du roi Charles VIII, datant du XVe siècle. L’autre, édifié à la fin du XVIe siècle par son petit-neveu Ennemond Rabot. Elle a été fondée en 1882 par le libraire Jules Rey, qui acquiert une machine d’héliogravure et commence à publier des ouvrages consacrés à la montagne. Ce procédé d’impression pour grands tirages, issu des travaux de Nicéphore Niepce, fonctionne de la manière suivante : l’image est transférée sur un cylindre de cuivre grâce à une gélatine photosensible. On soumet l’ensemble à un acide corrosif qui va altérer le cuivre en creux. Puis des rouleaux encreurs viennent diposer une fine couche d’encre dans les creux du cylindre, qui, par pression, va reproduire l’image.
Le gendre de Jules Rey, Benjamin Arthaud, reprend la maison d’édition en 1924. Il agrandit la librairie, développe l’activité éditoriale et ouvre un siège à Paris. Il est le premier éditeur français à se poser en défenseur de l’héliogravure et à relier systématiquement tous les grands tirages. Il se fait connaître avec des collections comme « Les Beaux Pays », « Arts et Paysage », « Les Grandes Civilisations », qui présentent de nombreux récits de voyages et des ouvrages consacrés à des régions qui fascinent, en particulier les Alpes voisines. Les descendants de Benjamin Arthaud auront à coeur de poursuivre cette expansion en repoussant les frontières vers la description des pays lointains et des odyssées maritimes. La 12e librairie de France et cette belle maison d’édition, qui ont employé jusqu’à une centaine de personnes, est rachetée en 1977 par Flammarion.
La collection « Les Beaux Pays » propose environ 110 guides de voyages richement illustrés et ornés de belles couvertures rempliées. Elle constitue pour un bibliophile une collection intéressante pour ses aspects graphiques, la somme à collectionner et l’histoire de cette belle maison d’édition.
5 Avr 2021
0 CommentsLa Petite Bibliothèque Blanche
Les vernophiles ont peut-être connaissance de cette collection d’enfantina, plus confidentielle que ses pendants les plus populaires : les incontournables Bibliothèques Rose, Verte ou Rouge & Or. Qui dit vernophile dit J. Hetzel, éditeur phare du XIXe siècle, aux magnifiques cartonnages rouges polychromes, évocateurs d’aventures inoubliables. Nous partageons avec vous l’histoire de cette collection méconnue et quelques-uns de ses spécimens, disponibles dans nos vitrines.
La Petite Bibliothèque Blanche
C’est en 1878 que Pierre-Jules Hetzel intègre la collection dans son catalogue, dans le but de concurrencer son rival de toujours : l’éditeur Louis Hachette, en particulier dans cette catégorie de livres pour enfants. La collection de Hetzel se veut supérieure à celle de son concurrent: des textes de qualité et une reliure de belle facture, le tout pour un prix équivalent ou moindre. Le livre d’étrennes par excellence. Hetzel réussit ce pari en piochant dans son catalogue des titres dont sa maison d’édition a acquis les droits, il en va de même pour les gravures. Ainsi près de la moitié des 24 titres publiés entre 1878 et 1881 sont issus de la précédente collection du « Magasin d’Éducation et de Récréation« . Il a aussi l’idée de vendre des droits de traduction sur certaines œuvres pour financer son projet. Malgré cette politique ambitieuse, les tirages ne cessent de baisser au fil des années, passant de 6000 à 2000 exemplaires en une décennie. Ce qui n’est pas pour déplaire au collectionneur d’enfantina.
Mais pourquoi « blanche », quand les couvertures que l’on a sous les yeux sont tout sauf… blanches?
Le titre de la collection fait en fait référence à la couleur blanche des ouvrages dans leur version brochée.
En 1914, lors du rachat de la maison J. Hetzel par Hachette à la mort de son fondateur, la Petite Bibliothèque Blanche deviendra littéralement blanche avec son cartonnage papier au décor floral.
Note particulière à l' »Histoire du Véritable Gribouille » de George Sand, dont voici la mention d’édition: « Paris, publié par E. Blanchard, ancienne librairie Hetzel, rue Richelieu, 78. 1851 ». Suite au coup d’état du 2 décembre 1851, P.-J. Hetzel est contraint de s’exiler pendant deux ans en Belgique. Il y continuera clandestinement sont travail d’éditeur. Par la suite, ce titre sera repris dans la Petite Bibliothèque Blanche.
Enfin, un petit mot pour nos vernophiles. Nous venons de recevoir notre catalogue dédié à George Roux, illustrateur de Jules Verne, édité par la Médiathèque de Sèvres. Et surprise, un de nos anciens exemplaires y figure : « L’épave du Cynthia » (1885) !
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