30 Jan 2020
Les belles éditions d’après-guerre
Les éditions du Panthéon et la maison Athêna ont été fondées dans l’immédiat après-guerre, et ont connu leur riches heures de la fin des années 1940 à la fin des années 1950. Nées dans un Paris meurtri, ces deux maisons sont de celles qui redonnent des couleurs à un monde de l’édition particulièrement tourmenté pendant l’Occupation. En effet, nombre de professionnels du milieu se sont pliés aux injonctions allemandes et ont parfois édité des auteurs antisémites ou du moins acquis à la cause nazie. A contrario, d’aucuns refusèrent d’éditer, d’autres encore acquirent leurs lettres de noblesse en éditant des textes de résistants.
Après cette période de privation, le lectorat se tourne volontiers vers les ouvrages des collections « Athêna-luxe » (Athêna) et « Pastels » (Panthéon) qui publient principalement de beaux textes à succès d’avant la guerre. Les tirages sont volontairement limités, souvent numérotés et toujours très bien illustrés (Choppy, Edou Martin, Sornas, Gradassi…). Les impressions sont luxueuses sur de très beaux papiers (pur fil Johannot, alfa mousse navarre, velin chiffon Johannot).
Frontispices en couleurs, lettrines, bandeaux et culs-de-lampe se fondent à merveille dans ces exemplaires qui constituent un bon point de départ pour tout bibliophile.
17 Fév 2020
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Les éditions Arthaud et la collection « Les Beaux Pays »
La maison d’édition Arthaud puise ses racines dans les murs d’une mythique maison grenobloise du XVIe siècle, à l’architecture épatante (grand escalier en pierre de taille, puits, arcatures et balustrades…) de ce qui fut deux hôtels particuliers accolés. L’un appartenant à Jean Rabot, ministre du roi Charles VIII, datant du XVe siècle. L’autre, édifié à la fin du XVIe siècle par son petit-neveu Ennemond Rabot. Elle a été fondée en 1882 par le libraire Jules Rey, qui acquiert une machine d’héliogravure et commence à publier des ouvrages consacrés à la montagne. Ce procédé d’impression pour grands tirages, issu des travaux de Nicéphore Niepce, fonctionne de la manière suivante : l’image est transférée sur un cylindre de cuivre grâce à une gélatine photosensible. On soumet l’ensemble à un acide corrosif qui va altérer le cuivre en creux. Puis des rouleaux encreurs viennent diposer une fine couche d’encre dans les creux du cylindre, qui, par pression, va reproduire l’image.
Le gendre de Jules Rey, Benjamin Arthaud, reprend la maison d’édition en 1924. Il agrandit la librairie, développe l’activité éditoriale et ouvre un siège à Paris. Il est le premier éditeur français à se poser en défenseur de l’héliogravure et à relier systématiquement tous les grands tirages. Il se fait connaître avec des collections comme « Les Beaux Pays », « Arts et Paysage », « Les Grandes Civilisations », qui présentent de nombreux récits de voyages et des ouvrages consacrés à des régions qui fascinent, en particulier les Alpes voisines. Les descendants de Benjamin Arthaud auront à coeur de poursuivre cette expansion en repoussant les frontières vers la description des pays lointains et des odyssées maritimes. La 12e librairie de France et cette belle maison d’édition, qui ont employé jusqu’à une centaine de personnes, est rachetée en 1977 par Flammarion.
La collection « Les Beaux Pays » propose environ 110 guides de voyages richement illustrés et ornés de belles couvertures rempliées. Elle constitue pour un bibliophile une collection intéressante pour ses aspects graphiques, la somme à collectionner et l’histoire de cette belle maison d’édition.
Source :http://arthaud-grenoble.fr/un-lieu-historique/