« La bête est morte ! » La guerre en bande dessinée par Calvo et Dancette. Edition originale.

Zoom cette semaine sur une interprétation décalée de la Seconde Guerre Mondiale. Celle de Victor Dancette et surtout d’Edmond-François Calvo, qui réunissent leurs talents sous la forme d’une bande-dessinée à l’influence cartoon et Disney. Leur projet se nomme « La bête est morte ! La guerre mondiale chez les animaux » et comprend deux fascicules.

Nous vous proposons en librairie leur édition originale !

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Une satire animalière sanglante

Sous ses airs de cartoon destiné aux enfants, « La bête est morte ! » n’en est pas moins une satire violente de la seconde guerre mondiale. Le dessin de Calvo n’a rien d’édulcoré et n’épargne pas les enfants de certaines visions d’horreur, à l’instar du dessin de la gare de Bécon-les-Bruyères qui reproduit avec un réalisme cru les atrocités de la guerre. Bien que patriotes, à l’image de leur public, les auteurs restent lucides sur les origines de la guerre ainsi que sur les erreurs commises par la France, comme le contournement de la « Ligne Livarot » (Maginot) par les forces allemandes. Les références historiques et culturelles ne manquent pas. On pense notamment à la libération de Paris, représentée par un hommage au tableau « La liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix.

Dancette et Calvo utilisent leur propre dénomination pour personnifier leurs protagonistes à plumes et à poils. Ainsi les allemands sont les loups, avec à leur tête « le Grand Loup, toujours en fureur » secondé par « le Cochon Décoré » (Hermann Göring). Dans le camp des Alliés nous retrouvons : les américains représentés par les bisons , les belges par les lionceaux, les britanniques par les dogs et les français pas les lapins, grenouilles, écureuils et cigognes. La « bête » présente dans les titres, « déchaînée », puis « terrassée » étant bien évidemment une allégorie du nazisme.

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Calvo, digne représentant de « l’école française »

Edmond-François Calvo est né en 1892 dans la Seine-Maritime de parents commerçants. Il s’essaye à plusieurs métiers, d’artisan du sabot à aubergiste avant de passer définitivement au dessin, mais seulement en 1938. De 1919 à 1921, Calvo fait ses armes au « Canard Enchainé » en tant que caricaturiste. En 1938 il collabore avec les publications Offenstadt en illustrant notamment les revues jeunesse « Fillette« , « L’épatant » et « Junior« .

C’est en illustrant « La bête est morte !  » en 1944 et 1945 que Calvo entre dans la postérité. Le succès est immédiat  et tel que Walt Disney le contacte pour lui proposer de travailler dans ses studios. Calvo refuse et se plonge dans différents projets personnels : « Rosalie« , le « Cricri journal » ou encore « Moustache et Trotinette ». A l’image d’autres dessinateurs pour enfants de sa génération (Marijac, Auguste Liquois, Jean Trubert, Le Rallic  et Roger Lécureux), Calvo serait probablement tombé dans l’oubli sans cet ouvrage phare. Ces dignes représentants de l’école française seront en effet éclipsés peu de temps après par l’essor de l’école belge  (années 1950). Pour l’anecdote, notre incontournable dessinateur et scénariste de bande dessinée Albert Uderzo rendait souvent visite à Calvo, en qui il disait reconnaître son maître.

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Nous vous proposons donc de (re)découvrir cette BD incontournable de notre Histoire. Les amateurs du genre connaissent peut-être le « Maus« * de l’américain Art Spiegleman, qui dans les années 1972 et 80 transpose le génocide juif dans un univers animalier. A noter que son vénérable ancêtre « La bête est morte ! » est la première bande dessinée à mentionner l’existence de la Shoah. Une édition originale assez rare dans cet état de conservation et qui n’a rien perdu de son mordant.

La bête est morte. La guerre mondiale chez les animaux. Calvo et Dancette
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« de 11 »

Maus signifie souris en allemand.