Popolôrepô, illustré par Pierre Fau avec un envoi de Paul Poiret (1927)

Le billet du jour porte sur un ouvrage rare, drôle et mythique. Nous avons mentionné son auteur dans notre dernier article « Robes et Femmes. » Il s’agit de « Popolôrepô, morceaux choisis par un imbécile et illustré par  un autre », les deux acolytes étant Paul Poiret pour l’écriture et Pierre Fau pour les illustrations. Un titre à répéter plusieurs fois avant de pouvoir le prononcer correctement !

L’exemplaire, un in-8 initialement broché a été légèrement modifié. Les premiers plats ont en effet été remontés sur une chemise cartonnée pour accueillir l’ouvrage, par ailleurs intact. Le premier plat illustre bien le titre. Le livre se compose de 35 calligrammes illustrés par autant d’aquarelles couleurs hors-texte de Pierre Fau. Les coloris ont été réalisés par les spécialistes du pochoir Jean Saudé et Charpentier. Notre Popolôrepô est bien complet du livret de table des matières en vers, soit deux feuillets reliés par un ruban bleu ciel traversant un œillet.

Popolôrepô

Page de titre

Le tirage de l’édition originale de Popolôrepô est limité à 300 exemplaires numérotés, tirés sur du papier vélin blanc de Rives, pour le compte de l’éditeur Henri Jonquières. Notre exemplaire porte le numéro 95. Nous attirons ici votre attention sur l’existence de réimpressions pirates de l’ouvrage ! Certains éléments comme la numérotation de l’exemplaire ou la qualité du papier (normalement vieilli) peuvent vous aider à identifier une contrefaçon. Outre la numérotation, un autre « détail » rend notre exemplaire d’autant plus unique (et justifie son prix). Il s’agit de l’envoi composé par Paul Poiret à la page de garde. A l’instar des compositions de Popolôrepô, l’envoi est humoristique et poétique. Voyez plutôt : « Après un bon déjeuner / je n’ai / pas pu / repu / arriver / à trouver / une dédicace digne / des willing ». Par ailleurs, nous joignons à notre exemplaire un fac-similé édité par Chandeigne (2007).

Les calligrammes, assez peu conventionnels représentent à la fois une énigme et un jeu. Représentatifs de la légèreté et de la fantaisie de l’époque, ils ne sont pas sans rappeler l’humour de Bobby Lapointe allié à l’écriture SMS d’aujourd’hui. Pour la petite histoire, les calligrammes sont une idée de Paul Poiret pour divertir son fils Colin, alors enrôlé dans l’armée. Fort du succès de ce jeu phonétique auprès de son fils et de ses camarades, Poiret développe son idée avec la complicité de Fau. C’est ainsi qu’est publié Popolôrepô en 1927, un livre devenu culte à sa sortie. Un exercice de lecture à la fois poétique, absurde et malicieux qui plaît aux jeunes lecteurs comme aux plus grands.

Paul Poiret

Envoi de Paul Poiret

Un petit mot sur nos deux « imbéciles »…

Paul Poiret est né en 1879 à Paris. Il consacrera sa vie à la couture et à la mode, ouvrant sa propre maison de couture en 1903. Favorable à l’émancipation des femmes, il prônera une mode sans corsets. Il connaît un succès fulgurant mais éphémère. Bien que couturier de formation, il n’hésitera pas à laisser s’exprimer son art dans d’autres domaines (jouets, parfums, meubles, etc.). Paul Poiret est d’ailleurs considéré comme un précurseur du style Art déco. Bien qu’il soit mort ruiné et dans l’indifférence du grand public, sa griffe aura marqué son époque et survit encore aujourd’hui.

Pierre Fau (1888-1960) est dessinateur, dont les domaines de prédilection sont l’humour et l’actualité. Son trait, plutôt tortueux met en scène des « bonshognomes ».

Alors, êtes-vous prêt à vous régaler des bons mots de Popolôrepô ? Pour rappel, ce premier et seul tirage rend l’album introuvable, sans compter l’envoi rarissime de l’auteur !

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