L’oeil et l’esprit, de Maurice Merleau-Ponty

Petit billet en forme d’enfonçage de portes ouverte : ce livre, le dernier écrit achevé et publié du vivant de Maurice Merleau-Ponty, est probablement l’une des meilleures entrées pour la phénoménologie.

Toute l’oeuvre philosophique de Maurice Merleau-Ponty tourne autour de la place de l’homme au sein du monde. Et, à la suite de Edmund Husserl, il ne coupe pas l’un de l’autre. Avec une force magnifique, il affirme, à tous les niveaux de notre vie, que nous ne sommes pas comme un pilote dans notre navire (que serait le corps), navire voguant dans un océan différent (que serait le monde). Nous sommes tout à la fois le monde et nous-même, imbriqués dans la présence du monde, notre corps et notre esprit intimement liés.

Cela lui permet d’écrire des page lumineuses d’intelligence, dans sa Phénoménologie de la perception, bien sûr, mais aussi dans ses courts essais réunis dans Éloge de la philosophie (je dois dire que son essai sur la théorie du langage qui s’y trouve est un texte qui compte beaucoup pour moi).

Et bien sûr, cette pensée, il l’a continue autour de l’art, notamment dans la peinture, dans ce tout petit texte qui ouvre avec intelligence tellement de portes ! La philosophie n’est pas une officine obscure au langage de plomb, et ce livre achève (s’il en était besoin), une fois de plus, de le prouver…