Le Maître du Haut-Château, de Philip K. Dick

Une uchronie leibnizienne…
Une uchronie, ce sont ces oeuvres d’imagination qui essaient de raconter comment serait notre monde si une petite bifurcation avait eu lieu dans l’Histoire…
Ici, une toute petite bifurcation…
Un attentat contre Churchill, en pleine Deuxième Guerre Mondiale, réussit. Résultat : le Royaume Uni rejoint trop tard la coalition des Alliés contre l’Axe Allemagne-Japon… Et, en 1947, les Allemands et les Japonais gagnent la guerre et se partagent le monde.
Les États Unis, notamment, sont coupés en deux : à l’ouest, la zone d’influence japonaise, à l’est, l’allemande.
Dans ce monde là, un auteur de science-fiction a écrit un livre faisant l’hypothèse… que les Alliés ont gagné la guerre en 1945…
Roman fouillé, intelligent, sans pause, ce roman est pour moi la preuve totale de l’incroyable porosité entre la philosophie et la science-fiction. Entre expérience de pensée (si chère aux philosophes du XVIIe et XVIIIe siècle) et mise en place de la fameuse image de la pyramide de monde dans la Théodicée de Leibniz, menant au Meilleur des Mondes Possible (d’ailleurs, le Haut Château du titre n’est-il pas en fait la pyramide leibnizienne…), ce roman de Philip K. Dick introduit d’importantes réflexions sur ce qu’est l’histoire, l’historicité d’un objet (entièrement située dans du discours), sur ce que c’est qu’écrire, notamment dans un monde où les libertés fondamentales sont opprimées, et sur ce que c’est que la liberté et la manière morale d’agir (Ah !… Mr. Tagomi !…).
Et en plus, le roman se lit d’une traite, avec les événements qui s’enchaînent et nous capturent…
Bref, un TRÈS GRAND roman. À LIRE ET À RELIRE !