12 Oct 2016
La revue « La Cuisinière Cordon-bleu », année 1896
L’article de cette semaine risque de mettre vos papilles en émoi ! La librairie Abraxas a le plaisir de partager avec vous cette véritable trouvaille : la compilation des revues « La Cuisinière Cordon-Bleu » parue en 1896. Un livre et surtout son auteure, fondateurs dans l’histoire de la cuisine à la française…
Une revue consacrée à la cuisine
En janvier 1895, Marthe Distel -fait rare pour une femme à l’époque, décide de fonder une revue consacrée à la cuisine. Le magazine paraît toutes les semaines et comporte bien sûr des recettes (illustrées), mais aussi des conseils relatifs à la nutrition, des présentations d’aliments et même des offres d’emploi dans la restauration !
Pour la deuxième année de parution de la revue, Marthe Distel décide d’offrir à ses abonnés des cours de cuisine avec des chefs renommés. Les recettes ainsi enseignées sont par la suite publiées dans le magazine. Une idée gagnante qui accroît sans cesse le nombre d’abonnés. A la mort de Marthe Distel, à la fin des années 1930, la revue rebaptisée entre-temps « Le Cordon Bleu » compte 25 000 abonnés ! Rapidement, le magazine devient dépendant des cours dispensés en évoluant en journal officiel de l’école de cuisine ainsi fondée. Sa publication s’arrête dans les années 1960 et sera remplacée par des livres de recettes thématiques.
Pourquoi le Cordon Bleu?
La journaliste n’a pas choisi le titre de sa publication au hasard. Il fait référence à l’ordre du Saint-Esprit, une distinction du XVIe s. accordée par la monarchie à ses plus illustres sujets. On reconnaissait les chevaliers de l’ordre à la croix de Malte qu’il portaient, elle-même suspendue à un ruban bleu… Et rien n’était trop beau pour agréer et contenter ces personnages émérites, pour lesquels on organisait « des festins de cordons bleus« . Avec le temps, l’expression est passée des porteurs des cordons bleus aux organisateurs desdits festins puis aux cuisiniers.
Les écoles Cordon-Bleu
Pour attirer plus d’abonnés et récompenser ses fidèles lecteurs, Marthe Distel décide donc d’organiser des cours de cuisine. Dès le début, des professionnels reconnus répondent présent à son invitation. Le premier cours a lieu le 4 janvier 1896 et s’offre le luxe de la toute dernière avancée technologie: l’électricité, et plus particulièrement le four électrique. Suite aux succès des cours associés à « La Cuisinière Cordon-Bleu » -et ce à travers le monde entier, ce qui était un extra devint une entité à part entière, notamment à l’aide du chef Henri-Paul Pellaprat. Au fil des décennies, Le Cordon Bleu se développa et prospéra jusqu’à devenir une véritable institution parisienne. Aujourd’hui, près d’une quarantaine d’écoles ont fleuri dans les plus grandes villes du monde, répandant à travers leur enseignement, l’art de la cuisine à la française.
En définitive, la revue « Le Cordon-Bleu », en publiant les recettes de l’école éponyme a participé à la codification de la gastronomie française. Les définitions et exemples donnés donnant forme et substance à des idées souvent exprimées pour la première fois sur papier. Vous reprendrez bien un peu de Bastion de cailles à la Vauban ?
1 Nov 2016
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« La Nature », une revue de vulgarisation scientifique fondée en 1873
Nous souhaitons vous parler cette semaine d’un périodique mythique dans le monde des sciences : la revue « La Nature ». Créée par un amoureux des sciences naturelles et des techniques, « La Nature » avait pour but de mettre à la portée de tous les actualités scientifiques et autres inventions de l’époque. Découvrons ensemble les moments-clefs de son histoire et de celle de son fondateur.
Revue La Nature 1886
La petite histoire de « La Nature »
C’est au milieu de l’année 1873 que paraît le premier numéro de « La Nature », aux éditions G. Masson. Son fondateur se nomme Gaston Tissandier, qui est un chimiste et également pionnier de l’aérostation. Son objectif est simple, il souhaite partager avec le plus grand nombre son intérêt pour les sciences et les inventions. Un engouement assez caractéristique de cette époque, d’ailleurs bien illustrée par le gouvernement alors en place. En effet, le Ministère de l’Instruction publique reconnaît dans « La Nature » une publication de qualité et souscrit un abonnement pour les bibliothèques scolaires et populaires. La revue paraît au début de sa vie chaque semaine jusqu’en 1926. A partir du 1er janvier 1927, elle change de périodicité en devenant bimensuelle puis mensuelle en 1948. Suite au décès de Gaston Tissandier, plusieurs rédacteurs en chef se succèdent, de Henri de Parville à Louis de Launay, en passant par Paul Ostoya. La revue changera de titre 3 fois :
– « La Nature Science Progrès » (1961)
– « Science Progrès La Nature » (1963)
– « Science Progrès Découverte (1969)
En 1972, « La Nature » fusionne avec le mensuel scientifique « La Recherche ».
Revue « La Nature », année 1897
Gaston Tissandier, digne descendant des Lumières
Ce français naît en 1943 à Paris, 4 ans après son frère Albert. Très vite intéressé par les sciences, il décide d’étudier la chimie au Conservatoire des arts et métiers et se spécialise dans l’étude des gaz. Il poursuit ensuite une carrière d’enseignant-chercheur, au travers de diverses sociétés savantes (Société polymathique notamment). Curieux comme un enfant, il aime par-dessus tout partager ses connaissances, découvertes et observations avec les petits et les grands, ce qui le place dans la lignée humaniste des Lumières.
Gaston Tissandier a également une passion, en relation avec sa vocation scientifique : l’aéronautique. S’intéressant de près à la météorologie et aux phénomènes atmosphériques, il n’aura de cesse, à l’aide de son frère Albert, de repousser le progrès dans le domaine de l’aérostation. Lors du siège de Paris, ses récentes avancées permettront notamment l’observation des champs de bataille. Il accomplira par la suite d’autres exploits inédits dans le domaine de l’aérostation, en battant par exemple le record de durée de vol les 23 et 24 mars 1875 (22h40 à bord du ballon le Zénith).
1873, année de lancement de la revue « La Nature »
Outre ses épopées aéronautiques, Gaston Tissandier restera un grand aventurier des sciences et du progrès. Il n’aura de cesse d’écrire et de publier des ouvrages de vulgarisation scientifique, et se verra d’ailleurs décerner de nombreux prix, dont la Légion d’honneur. Humaniste avant tout, il aura su insuffler dans « La Nature », la joie du partage des connaissances et de l’éveil au savoir scientifique.