Stèles, de Victor Segalen

Il y a parfois des oeuvres qui font se dérober sous vos pieds le sol rassurant de vos habitudes littéraires. Qui gomment votre système de repères pour le remplacer par un autre, tout aussi élaboré mais qui vous est strictement étranger et, par là même, fascinant.

C’est ce qui m’est arrivé lors de ma première lecture de ce recueil de Victor Segalen. Écrit durant son voyage en Chine, ces poèmes doivent leur forme aux stèles funéraires couvertes d’idéogrammes qu’il va y découvrir. Transposant son choc culturel dans ses oeuvres, y employant des épigrammes en chinois, et allant même jusqu’à publier ce recueil dans un format asiatique, Victor Segalen va puiser à la fois dans la culture chinoise et dans sa propre existance pour créer une forme poétique extrêmement moderne.

Ce petit recueil va vous enchanter, dans le sens premier : sa magie va indubitablement par vous ensorceler, et va vous ouvrir la porte d’un monde entièrement composé, en fait, de poésie…