Imprimé en 1625, ce très rare exemplaire issu de la bibliothèque de Frédéric Lachèvre est la véritable édition originale de ce qui sera plus tard la troisième partie des œuvres de Théophile de Viau.
Bibliographe et critique littéraire, Frédéric Lachèvre (1855-1943) est un spécialiste du libertinage du XVIIe siècle.
Son idée du libertinage réduit cette forme de libre-pensée à la seule indiscipline, à la licence des mœurs. Il refuse d’y voir une philosophie à part entière et va jusqu’ à faire du libertin un idiot et un dépravé sans aucune morale.
Son œuvre comprend une vaste étude sur le libertinage du XVIIe siècle, des recueils de poésies des XVIe et XVIIe siècles, des bibliographies. Cette passion pour le XVIIe siècle le mène à Pierre Louÿs (1870-1925), auteur et grand bibliophile, dont la bibliothèque regorge de richesses. Une amitié intellectuelle s’instaure entre les deux hommes, de cette collaboration naissent les Recueils collectifs de poésies libres et satiriques publiés depuis 1600 jusqu’à la mort de Théophile (1626).
Ouvrages de Lachèvre sur Théophile de Viau : Les Recueils collectifs de poésies libres et satiriques publiés depuis 1600 jusqu’à la mort de Théophile (1626), Paris, Champion, 1914. Le Procès du Poète Théophile de Viau, 2 vol., 1909-1911 – Honoré Champion, . Réédition à Genève, Slatkine Reprints en 1968.
Cette édition, la seule véritable et sans ajouts est imprimée en 1625, année de sortie de prison de Théophile de Viau et un an avant sa mort. L’auteur nous précise d’ailleurs dans un « Au lecteur » que ces pages sont de sa propre plume, contrairement aux précédentes éditions qui sont « un amas de discours (…) empruntés de plusieurs autres ».
Ces pages sont écrites pendant son séjour en prison. En effet Théophile de Viau, élevé dans la religion protestante, se convertira au catholicisme plus tard mais fini par rejeter complètement les croyances chrétiennes. C’est un libertin d’esprit et de moeurs, plutôt épicurien, ce qui lui vaudra le bannissement dès 1619.
Son oeuvre, composée de pièces de théâtre et de poésie est baroque, lyrique et un peu maniérée (on ne s’étonnera pas de devoir sa « redécouverte » à Théophile Gautier). Il est surtout connu pour sa tragédie en cinq actes : Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé (1621).
Au sommaire de cette très belle édition, vous trouverez :
La plainte de Théophile à son ami Tircis
La pénitence de Théophile
Requête de Théophile au Roi
Théophile incarcéré
Apologie de Théophile
Requête de Théophile à Nosseigneurs de Parlement
Très humble requête de Théophile à Monseigneur le premier président
Remerciement de Théophile à Corydon
Théophile à son ami Chiron
Prière de Théophile aux poètes de ce temps
Remontrance de Théophile à Monsieur de Vertamont conseiller en la Grand-Chambre
La maison de Sylvie par Théophile
Lettre de Théophile à son frère
Une uchronie leibnizienne…
Une uchronie, ce sont ces oeuvres d’imagination qui essaient de raconter comment serait notre monde si une petite bifurcation avait eu lieu dans l’Histoire…
Ici, une toute petite bifurcation…
Un attentat contre Churchill, en pleine Deuxième Guerre Mondiale, réussit. Résultat : le Royaume Uni rejoint trop tard la coalition des Alliés contre l’Axe Allemagne-Japon… Et, en 1947, les Allemands et les Japonais gagnent la guerre et se partagent le monde.
Les États Unis, notamment, sont coupés en deux : à l’ouest, la zone d’influence japonaise, à l’est, l’allemande.
Dans ce monde là, un auteur de science-fiction a écrit un livre faisant l’hypothèse… que les Alliés ont gagné la guerre en 1945…
Roman fouillé, intelligent, sans pause, ce roman est pour moi la preuve totale de l’incroyable porosité entre la philosophie et la science-fiction. Entre expérience de pensée (si chère aux philosophes du XVIIe et XVIIIe siècle) et mise en place de la fameuse image de la pyramide de monde dans la Théodicée de Leibniz, menant au Meilleur des Mondes Possible (d’ailleurs, le Haut Château du titre n’est-il pas en fait la pyramide leibnizienne…), ce roman de Philip K. Dick introduit d’importantes réflexions sur ce qu’est l’histoire, l’historicité d’un objet (entièrement située dans du discours), sur ce que c’est qu’écrire, notamment dans un monde où les libertés fondamentales sont opprimées, et sur ce que c’est que la liberté et la manière morale d’agir (Ah !… Mr. Tagomi !…).
Et en plus, le roman se lit d’une traite, avec les événements qui s’enchaînent et nous capturent…
Bref, un TRÈS GRAND roman. À LIRE ET À RELIRE !
Un livre d’histoire littéraire et culturelle essentiel sur la période de la contre-culture américaine des années 70, avec un titre magnifique : Je veux regarder Dieu en face, de Michel Lancelot.
Si vous chercher à avoir une vision d’ensemble exacte de ce qui se jouait lors de l’émergence de la culture hippie, née de la beat generation, du rock et des philosophies orientales occidentalisées, un seul livre : celui-ci !
Le nombre d’heures (de jour comme de nuit) que j’ai passé dans les pages de cette grande saga populaire de cape et d’épée est proprement énorme ! Et pleines d’un immense plaisir !
Ce cycle fait parti des très grandes architectures populaires, comme le Fantomas de Souvestre et Allain, le Rocambole de Ponson du Terrail, Le mystérieux Docteur Cornélius de Gustave Le Rouge (pour n’en citer que quelques uns…)
Organisé en 5 grands cycles de 2 volumes chacun, cette épopée des Pardaillan, de Michel Zévaco, relatent les aventures rocambolesques de Jean, chevalier de Pardaillan, héros auréolé de toutes les grandes vertus, qui combat les forces obscures, incarnées au long du cycle par différents personnages, notamment la fameuse Fausta !
Les publication au Livre de poche respectent chaque volume publiés à l’époque par Fayard. Et ce premier livre (qui sera suivi de « L’épopée d’amour ») court autour des Guerre de religions en France…
Je vous mets en garde : si vous commencez, il y a de forts risques que vous ne puissiez plus du tout vous arrêter !
Aujourd’hui, une sorte de livre en forme de porte d’entrée : le petit opus de François Billard consacré au Jazz.
Ce genre de petites publications fait partie de ces livres que, bien entendu, on peut lire de manière exhaustive, mais qu’on peut aussi, et surtout, parcourir. Ouvrir au hasard, aller d’entrée en entrée, pour se confronter à des pans d’éléments que l’on sait (mais pas forcément sous cette forme) ou que l’on découvre.
Et ce livre est, en cela, très bien fait.
Le jazz est un type de musique que j’écoute beaucoup, et ce petit livre m’a beaucoup appris, et m’a fait découvrir des grands interprètes que je ne connaissais pas encore.
Et c’est un livre que je mets régulièrement entre les mains des mes amis et de mes clients, parce qu’il forme un très bon sol sur lequel bâtir un grand amour du Jazz…
J’aime la poésie. Et il y a une collection qui m’aide à m’ouvrir de nouvelle friches poétiques : Orphée (des éditions La Différence). Grâce à cette collection, je découvre des poètes que je ne connaissais pas encore (comme C. K. Williams), ou les flancs poétiques d’auteurs lus par ailleurs (« Les Cavaliers noirs » de Stephen Crane, le recueil de J. M. Synge« Sachant toute solitude »…). Parfois aussi, c’est une redécouverte, sous une nouvelle traduction, de textes que j’aime (je vous avais parlé des Élégies de Duino il y a peu, mais je pense aussi aux haïkus de Buson…)
Et c’est grâce à cette collection que j’ai découvert la poésie d’Ivan A. Bounine. Ici dans un florilège intitulé « Mon coeur pris par la tombe ».
Bien entendu, on connait cet auteur comme l’un des très grands écrivains en prose russes du XXe siècle, et qui obtint le Prix Nobel de Littérature en 1933.
Mais on connait peu les magnifiques poèmes, lyriques et évocateurs qui sont nés de sa plume… Vladimir Nabokov tenait la poésie de Bounine pour l’une des plus merveilleuse (il le dit merveilleusement dans un texte mis en avant-propos de cette édition).
Une belle découverte.
« Un long tunnel entre les deux régions, et voici qu’on était dans le pays de neige ».
Ça fait du bien de relire des classiques, et ce « Pays de neige » de Kawabata Yasunari en est un, que j’aime à faire découvrir à nos clients de passage.
Roman déroutant de l’introspection, d’un éternel retour japonais sur fond de froid et de neige, ce texte fut très important dans mon histoire de lecteur, et j’espère, bientôt dans la vôtre.
Un riche héritier oisif, Shimamura, vient et revient, dans un dédale de flash-back et de scènes à la fois précises et troubles, dans une station thermale perdue au coeur des montagnes, pour retrouver Komako, une jeune geisha, et l’aimer. Mais quel est donc réellement ce pays de neige, dans lequel est arrivé le narrateur lors des premières lignes du récit ?…
Tout en violence retenue, en troubles, en chaleur et froideur mêlés, ce premier roman de son auteur fut un succès dès sa publication, et il reste l’un des plus grands romans de Kawabata Yasunari, qui obtiendra en 1968 le Prix Nobel de Littérature.
Avec son sourire au dessus du néant, Arthur Schopenhauer nous liste avec son « Art d’avoir toujours raison » , les manières, indépendante du Vrai, de l’emporter lors de toute confrontation verbale.
Son propos n’est pas de développer une sophistique formelle, mais de montrer, de démontrer, la matière même dont est faite la Vérité, à savoir : les mots et leur agencement. Son propos est de montrer combien tout texte philosophique, toute discussion philosophique, s’inscrit dans une forme matérielle, verbale, et que cette forme, en elle même, est l’ a-priori de toute vérité (ou de toute non vérité).
Avec sa pointe ironique habituelle, Arthur Schopenhauer ouvre alors le champ qui sera plus tard parcouru par de nombreux philosophes (je pense notamment au magnifique texte de Maurice Merleau-Ponty dans « Éloge de la philosophie et autres essais » intitulé « Sur la phénoménologie du langage » )
Une percée amusante dans la problématique philosophique du langage.
Un roman post-apocalyptique au prémisse inhabituel, aujourd’hui, avec « Le Jour de fous », d’Edmund Cooper.
Les « post-apo », ce sont ces textes imaginant la fin de l’Humanité avec un grand H, et la survie de quelques humains au milieu d’un monde redevenu hostile. Comme « Malevil » de Robert Merle, « La Route » de Cormac McCarthy, la trilogie de « L’autoroute sauvage » de Julia Verlanger, le cycle des Alone de Thomas Géha … et bien d’autres textes et bandes-dessinées…
Ce roman-ci commence de manière tout à fait nouvelle : En un beau jour d’été, le soleil s’est mis à briller de manière différente… Le temps de découvrir qu’il émettait des radiations nocives, il était trop tard. L’effet de ses radiations ? Assez étrange : tous les humains exposés étaient poussés au suicide ! Tous ? Non : les fous, les excentriques, les idiots, les illuminés … restaient, eux, tout à fait exempt de cette envie…
Et peu à peu, le monde (ici : l’Angleterre) devient le repère de ces populations humaines aux troubles psychiques plus ou moins importants…
Au sein de ce monde, un homme, qui semble tout à fait lucide, essaie de survivre.
Roman très classique dans son déroulé, « Le Jour des fous », avec son accroche différente, et la réelle capacité d’Edmund Cooper à nous livrer un vrai bon livre, reste un roman très sympathique à lire.
Une lecture divertissante pour ce roman bien fait, et très agréable à lire.
Aujourd’hui, une petit volume (par la taille), mais immense (par son importance), issu de notre rayon de livres de poche en langue étrangère : Walden and other writings, de Henry David Thoreau.
Thoreau est un des auteurs américains du XIXe siècle qui gravite autour du courant lancé par Ralph Waldo Emerson, le Transcendantalisme. C’est d’ailleurs grâce à Emerson que Thoreau va vivre, pendant deux ans, dans une cabane construite par ses soins, tout au fond d’une forêt américaine, à Walden (sur un terrain appartenant à Emerson). Il prendra des notes et construira également, ensuite, son texte magnifique éponyme.
Il explique sa démarche dans un célèbre passage (célèbre aussi parce qu’il est cité dans le film « The Dead Poets Society » / « Le Cercle des poètes disparus » ) : « I went to the woods because I wished to live deliberately, to front only the essential facts of life, and see if I could not learn what it had to teach, and not, when I came to die, discover that I had not lived. » (« Je me suis retiré dans les bois parce que je voulait vivre pleinement, et me confronter avec les faits essentiels de la vie, et voir si je ne pouvais pas apprendre ce que la vie a réellement à nous apprendre, et non pas, lorsque viendrait l’heure de ma mort, découvrir que je n’avais pas vécu. » )
Mais cette retraite n’est pas un retrait du monde. Tout au long de ces deux ans passés à Walden, Thoreau continuera à se rendre dans les villes avoisinantes, à participer à la vie de la cité (il sera d’ailleurs un farouche partisan de l’abolition de l’esclavage).
Dans les autres textes présents dans ce volume, il montre cet autre aspect, actif, de sa pensée (comme dans « Civil disobedience » (« La désobéissance civile ») ou « Life without principle » (« La vie sans principe »)). Et nous expose aussi l’articulation essentielle qu’il effectue entre ces deux faces de sa philosophie (notamment dans les extraits de son Journal, proposés ici). Henry David Thoreau est celui qui nous apprend à ne pas nous résigner, celui qui nous apprend que notre vie nous appartient, là, au milieu du monde comme dans l’intime de notre pensée.
Un philosophe à lire et à relire.
1 Fév 2016
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Imprimé en 1625, ce très rare exemplaire issu de la bibliothèque de Frédéric Lachèvre est la véritable édition originale de ce qui sera plus tard la troisième partie des œuvres de Théophile de Viau.
Bibliographe et critique littéraire, Frédéric Lachèvre (1855-1943) est un spécialiste du libertinage du XVIIe siècle.
Son idée du libertinage réduit cette forme de libre-pensée à la seule indiscipline, à la licence des mœurs. Il refuse d’y voir une philosophie à part entière et va jusqu’ à faire du libertin un idiot et un dépravé sans aucune morale.
Son œuvre comprend une vaste étude sur le libertinage du XVIIe siècle, des recueils de poésies des XVIe et XVIIe siècles, des bibliographies. Cette passion pour le XVIIe siècle le mène à Pierre Louÿs (1870-1925), auteur et grand bibliophile, dont la bibliothèque regorge de richesses. Une amitié intellectuelle s’instaure entre les deux hommes, de cette collaboration naissent les Recueils collectifs de poésies libres et satiriques publiés depuis 1600 jusqu’à la mort de Théophile (1626).
Ouvrages de Lachèvre sur Théophile de Viau :
Les Recueils collectifs de poésies libres et satiriques publiés depuis 1600 jusqu’à la mort de Théophile (1626), Paris, Champion, 1914.
Le Procès du Poète Théophile de Viau, 2 vol., 1909-1911 – Honoré Champion, . Réédition à Genève, Slatkine Reprints en 1968.
Cette édition, la seule véritable et sans ajouts est imprimée en 1625, année de sortie de prison de Théophile de Viau et un an avant sa mort. L’auteur nous précise d’ailleurs dans un « Au lecteur » que ces pages sont de sa propre plume, contrairement aux précédentes éditions qui sont « un amas de discours (…) empruntés de plusieurs autres ».
Ces pages sont écrites pendant son séjour en prison. En effet Théophile de Viau, élevé dans la religion protestante, se convertira au catholicisme plus tard mais fini par rejeter complètement les croyances chrétiennes. C’est un libertin d’esprit et de moeurs, plutôt épicurien, ce qui lui vaudra le bannissement dès 1619.
Son oeuvre, composée de pièces de théâtre et de poésie est baroque, lyrique et un peu maniérée (on ne s’étonnera pas de devoir sa « redécouverte » à Théophile Gautier). Il est surtout connu pour sa tragédie en cinq actes : Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé (1621).
Au sommaire de cette très belle édition, vous trouverez :
La plainte de Théophile à son ami Tircis
La pénitence de Théophile
Requête de Théophile au Roi
Théophile incarcéré
Apologie de Théophile
Requête de Théophile à Nosseigneurs de Parlement
Très humble requête de Théophile à Monseigneur le premier président
Remerciement de Théophile à Corydon
Théophile à son ami Chiron
Prière de Théophile aux poètes de ce temps
Remontrance de Théophile à Monsieur de Vertamont conseiller en la Grand-Chambre
La maison de Sylvie par Théophile
Lettre de Théophile à son frère
Retrouvez cet ouvrage et bien d’autres au stand F18 du Salon International du Livre rare, de l’Autographe, de l’Estampe et du Dessin au Grand Palais à Paris Édition 2016,du 22 au 24 avril de 11h à 20h, le dimanche de 11h à 19h.