16 Nov 2010
ABCDE… Lucien Laforge aux éditions de la Mercurie
Nous avions attiré votre attention il y a peu sur le très bel ex-libris que Lucien Laforge avait réalisé pour madame Haydée Magnus-Level. Aujourd’hui, nous sommes heureux de vous annoncer la réédition de son Abécédaire, publié en 1924 à la librairie Lutétia, par nos amis de la « Mercurie ». Cette oeuvre de Lucien Laforge est devenue un ouvrage rare et recherché, selon l’expression consacrée.
Le très beau livre que nous vous présentons ici est une édition « fac simile« , un soin tout particulier a été porté à l’impression des couleurs, qui a nécessité plus de trois heures de calage par page chez l’imprimeur ! Un papier de qualité a été choisi pour respecter au mieux l’impression faite au pochoir de 1924. Les couleurs restent vraiment très fidèles à l’originale.
Nous sommes heureux de vous le proposer à la vente, à la librairie et lors des salons où nous sommes présents. Vous pouvez également nous le commandez au prix de 22 € + 6 € (frais de port pour un envoi sécurisé et de qualité) en nous écrivant à l’adresse suivante : contactsATabraxas-libris.fr
Vous trouverez également en neuf « Les contes de Fée » de Charles Perrault, qui avait été publié en 1920 aux éditions de La Sirène, sous la direction du poète Blaise Cendrars, et maintenant chez ALBIN MICHEL depuis 2008, ainsi que « Les métamorphoses d’Aladin ou comment il fut passé au caviar » aux Éditions Michalon, en 2006.
Pour nos ouvrages comportant l’ex-libris de Lucien Laforge ou étant illustrés par lui c’est ICI.
Nous possédons également un exemplaire du « Ronge-Maille vainqueur« .
5 Avr 2017
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« Les 1001 nuits », illustré par Lucien Laforge
Rendez-vous cette semaine à la croisée de deux univers : l’Orient exotique des « Mille et une Nuits » et un illustrateur français à contre-courant de son époque. La trouvaille que nous souhaitons partager avec vous cette semaine : « Les 1001 nuits » de 1912, illustré par Lucien Laforge, ou quand les contes traditionnels rencontrent le trait d’un dessinateur avant-gardiste, cela donne une œuvre unique !
Lucien Laforge, un homme de convictions
C’est à Paris et en 1889 que naît Lucien Laforge, d’une mère peintre de miniatures et d’un père violoniste. Nourri à l’art dès l’enfance, il hésite quelques temps entre devenir musicien professionnel ou bien dessinateur. Il choisit finalement le dessin et suit des cours à l’académie Humbert. Critique, il trouve que l‘enseignement y est trop académique et qualifie le style dominant de pompier. Laforge n’a en effet que peu de goût pour cette tendance prônant la profusion de détails, l’emploi de couleurs trop vives afin de créer un effet sensationnel. Il suffit de regarder quelques dessins du peintre-dessinateur pour s’apercevoir que son style se situe aux antipodes de celui de son époque.
Lucien Laforge (1889-1952)
En 1910, il commence à vendre ses talents pour plusieurs journaux dits de divertissement (« Tout-Paris »). Cependant, Laforge est un homme engagé et il préfère travailler pour les papiers lui permettant d’exprimer ses idées politique de gauche. On note ainsi sa participation à : « Les hommes du jour », « Le libertaire », « Le merle blanc », « L’Humanité » ou encore « Le Canard enchaîné » pour n’en citer que quelques uns. C’est en tant qu’illustrateur de journaux qu’il gagne (assez pauvrement) sa vie. Bien qu’il continue de peindre en parallèle, ses œuvres ne sont pas reconnues.
Lucien Laforge est un homme de convictions, aux valeurs profondément libertaires et pacifistes. Ainsi, il n’hésite pas à simuler la folie par deux fois afin de se faire réformer en 1915 et 1917. Mis à part quelques confrères (dont Gus Bofa), son oeuvre n’est pas reconnue de son vivant (et assez vite oubliée par la suite). Pour autant, il ne changera jamais de ligne ; qu’il s’agisse de son trait dépouillé ou de son esprit critique (vis-à-vis de la guerre notamment).
« Mais moi je ne suis pas à la mode […] je n’aime que la vie et la liberté. »
Le style avant-gardiste de Lucien Laforge
Outre le dessin d’humour et politique, Laforge illustre aussi quelques classiques, de Baudelaire à Perrault, en passant par Descaves et Rabelais. Trois oeuvres en particulier sont à retenir : « Ogier le Danois » (1913), « Les 1001 nuits » (1912) et « Le film 1914 » (1922). Pour les deux premiers ouvrages, Laforge met de côté son mordant pour s’adresser aux enfants. Le dernier dépeint quant à lui les horreurs de la guerre et la bêtise des hommes.
Vous l’aurez compris, notre dessinateur se distingue par son style unique, que l’on pourrait qualifier d’épuré, de dépouillé, sans fioritures aucune. Nous l’avons en effet mentionné plus tôt, Laforge a en horreur le style baroque et chargé de son époque. Au fil des années, Laforge ne cesse de simplifier son dessin, de réduire au minimum le décors et les détails pour au final ne garder que l’essence de l’idée qu’il souhaite partager. Le dessin gagne alors en puissance, en pureté et marque le lecteur durablement. Il est alors le seul à travailler de cette manière (excepté peut-être Grove), allant alors à l’encontre totale de la mode d’alors.
Ses illustrations pour la jeunesse nous permettent de voir les dessins de Laforge en couleurs, un art qu’il maniait également avec brio. Vous pouvez apercevoir dans nos photos son trait caractéristique. Et l’on peut imaginer grâce aux couleurs et à quelques tableaux présents dans le livre, le peintre qui se cache derrière le dessinateur. Laforge a également dessiné un abécédaire (cf notre article qui lui est consacré). Enfin, il aimait aussi se prêter à l’exercice de l’ex-libris dont voici un bel exemple !
C’est en 1952 que Lucien Laforge décède des suites d’un AVC, dans l’indifférence générale. Probablement écœuré par l’arrivée de la Seconde Mondiale, il avait cessé de dessiner.