Contre-Info

Contre-Info est un blog que je lis depuis environ un an, on y trouve de nombreux articles sur l’économie, sur le climat, la politique internationale, les différents conlits… Lundi soir un journaliste de TF1 disait que la crise financière était imprévisible !!! Rendons hommage ici à Paul Jorion et à travers lui à tous les analystes qui dès 2006/2007 nous prévenaient que le pire était à venir.

A souligner dans l’article qui suit le parallèle que l’on peut établir entre la vision cyclique ou catastrophique de l’économie et la vision de nos scientifiques sur le climat.

Les demi-mesures ne suffiront pas, par Paul Jorion (article trouvé sur contre-info) 16 septembre 2008

« Il faut donc se le mettre en tête une fois pour toutes : il ne s’agit pas de cycles mais de catastrophes et ce qu’il convient de faire, c’est (…) « éviter de nouvelles crises ». C’est tout un programme, mais c’est de cela qu’il s’agit, et de rien d’autre. »

Par Paul Jorion, 16 septembre 2008

Ce texte est un « article presslib’ » (1)

La bourse de New York a donc perdu ce lundi 4,42 %. Le CAC 40 avait fini en baisse de 3,78 %.

Le titre d’American International Group (AIG), le plus gros assureur américain, a perdu 60,79 % de sa valeur dans la journée, c’est dire si le plan de restructuration annoncé ce matin a convaincu. J’ai noté hier qu’il ne se sera écoulé que cinq jours entre le plan de restructuration de Lehman Brothers et son dépôt de bilan, AIG risque de battre ce triste record – à moins que l’autorisation spéciale que vient de lui octroyer le gouverneur de l’état de New York, de puiser dans la caisse de ses filiales, ne puisse la sauver. On change les règles en cours de route, c’est normal : on a déjà tout essayé.

Je viens de me livrer à quelques petits calculs sur le cours des actions, dont je vous livre le résultat. Le chiffre porte sur les 365 derniers jours, ce qui nous reporte à un mois environ après qu’a débuté le tarissement du crédit.

– Bank of America, No 1 des banques commerciales : – 31,9 % – J.P. Morgan Chase, No 2 : – 18,3 % – Wells Fargo, No 3 : -13,1 % – Citigroup, No 4 : – 66,9 % – Wachovia, No 5 : – 78,5 % – Washington Mutual, No 1 des caisses d’épargne : – 94,4 % – Zions Bancorp, banque régionale, appartenant à l’église mormone : – 47,4 % – First Horizon National, banque régionale, principale banque du Tennessee : – 61,2 % – National City, banque régionale, principale banque de l’Ohio : – 83,5 %

La plupart de ces chiffres sont bien entendu consternants, mais ce n’est pas là l’essentiel. L’essentiel c’est ceci : on ne va pas pouvoir rabibocher. Le message n’a pas l’air de passer. Je reviens encore une fois sur le Rapport Ricol, parce qu’il est symptomatique de ce que je dénonce. Le Président dit : « La question prioritaire n’est plus d’apprécier la responsabilité des différents acteurs une fois le sinistre intervenu, mais bien d’éviter de nouvelles crises », et le rapport répond : « … se préparer au mieux aux crises futures, qui sont inévitables ». Zéro ! Ce n’est pas la bonne réponse à la question.

Quand le Rapport Ricol affirme « Mieux se préparer à gérer les crises futures, avec une approche contra-cyclique des exigences en capital, avec des instruments pour lisser les effets de cycle », il faut répondre : « Non, pas d’accord ! » Il faut absolument sortir de ce paradigme qui dit crises cycliques, et qui se veut rassurant : « On est dans une mauvaise passe, mais ne vous inquiétez pas : cela va s’arranger, cela s’arrange toujours ! » Cela s’est toujours arrangé jusqu’ici parce qu’on a à chaque fois mobilisé tous les moyens du bord pour empêcher que le navire n’aille par le fond ! Ça a toujours marché jusqu’ici, mais il n’y a aucune garantie que ça marchera toujours : on n’a jamais eu affaire à des cycles mais uniquement à des catastrophes, et la méthode utilisée pour s’en sortir a chaque fois été différente parce qu’on procédait par essai et erreur, et il a parfois fallu trente ans pour que l’on retourne, non pas à une situation idéale, mais à une situation tolérable.

Il faut donc se le mettre en tête une fois pour toutes : il ne s’agit pas de cycles mais de catastrophes et ce qu’il convient de faire, c’est, comme il est excellemment dit dans la lettre du Président : « éviter de nouvelles crises ». C’est tout un programme, mais c’est de cela qu’il s’agit, et de rien d’autre.

Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).

(1) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici sur son blog.