Une histoire de la librairie sur les étals de nos confrères : libraires de neuf.

« Histoire de la librairie française » sous la direction de Patricia Sorel et Frédérique Leblanc, avec la collaboration de Jean-François Loisy. Ed. du Cercle de la librairie

Voici l’article du monde d’hier qui présente le livre suivant : « Histoire de la librairie française » sous la direction de Patricia Sorel et Frédérique Leblanc, avec la collaboration de Jean-François Loisy. Ed. du Cercle de la librairie, 736 p., 159 €.

La librairie est avant tout un commerce, et ses animateurs des travailleurs indépendants, jaloux de leur autonomie. S’il fallait résumer deux siècles d’histoire de la librairie française, tel serait le trait caractéristique de cette profession : le goût de l’indépendance.

Or celle-ci semble aujourd’hui compromise. En 1980, dix-huit mois avant l’adoption de la loi Lang sur le prix unique du livre, le quotidien Libération croyait pouvoir affirmer : « La petite librairie sent le cadavre. » Presque trente ans plus tard, précisément grâce à cette loi, force est de constater qu’elle vit encore. Mais pour combien de temps ?

Alors que le marché du livre est à l’aube d’une de ses plus importantes mutations : la transformation des livres en fichiers numériques, Pascal Fouché, directeur éditorial de cette monumentale Histoire de la librairie française, explique que ces mutations technologiques pourraient bien renvoyer les libraires à la case départ : « On peut se demander si la librairie ne pourrait pas se dématérialiser comme les livres. Le terme d’édition pourrait alors englober la librairie, revenant à la situation d’Ancien Régime, mais avec cette fois la primauté de l’éditeur. » Avant la Révolution française, en effet, les métiers de libraire, d’éditeur et d’imprimeur étaient confondus.

Napoléon a joué un rôle majeur dans la naissance de la librairie moderne. Par le décret du 5 février 1810 « contenant règlement sur l’imprimerie et la librairie », il crée un brevet qui fixe les codes du métier jusqu’en 1870. Les libraires, ces « marchands de livres », sont clairement distingués des imprimeurs, sur lesquels l’Etat pèse de tout son poids. Vingt-six des cinquante et un articles du décret de 1810 sont consacrés aux délits et aux punitions que peuvent encourir les professionnels du livre, contre cinq encadrant le métier de libraire. Le texte opère une différence nette entre l’auteur et les diffuseurs d’idées que sont les libraires et les imprimeurs. C’est sur ces derniers que le pouvoir exerce le contrôle le plus vigilant. Il fixe leur nombre, alors que les libraires sont soumis à la libre concurrence.

Tout au long des XIXe et XXe siècles, pourtant, les libraires n’ont cessé de dénoncer les multiples concurrences « déloyales » dont ils s’estimaient victimes. A commencer par celle des cabinets de lecture, ces « boutiques à lire » où les clients consultent les livres sans les acheter. Mais aussi celle des colporteurs, des bouquinistes ou encore de la vente directe par les éditeurs. De même, le chemin de fer est stigmatisé : il permet au lecteur de province de s’approvisionner à Paris. Idem avec le sport, qui détourne de la lecture…

Après 1945, ce discours se focalise sur de nouveaux dangers. Sont visés les clubs de livres, la vente par correspondance, les drugstores, les grandes enseignes culturelles (la Fnac de la rue de Rennes, à Paris, ouvre en 1974), les supermarchés, les journaux qui vendent des livres à leurs lecteurs, et enfin les nouveaux médias – la télévision et Internet.

Mais les libraires ne sont pas seulement des commerçants qui se lamentent devant les méfaits de la concurrence. Cette plongée dans la librairie française, qui rassemble des documents rares sur l’état de la profession en province et à l’étranger, met aussi en avant le rôle de grandes figures éprises de liberté comme Adrienne Monnier, Silvio Trentin, Alexandre Loewy ou François Maspero. Un chapitre passionnant est également consacré à la librairie militante et à son déclin.

Pendant la seconde guerre mondiale, alors que des éditeurs connus n’ont pas hésité à collaborer, beaucoup de libraires ont joué un rôle actif dans la Résistance. Ainsi Jeanne Wagner, qui tenait la librairie rue Bonaparte où Geneviève de Gaulle-Anthonioz a été arrêtée en 1943 avec des membres du mouvement Défense de la France, n’est pas revenue du camp de Ravensbrück.

A propos du conflit algérien, la mémoire collective a conservé le souvenir des libraires militants qui faisaient « la guerre à la guerre », mais l’étude de la période montre que d’autres libraires, plus nombreux encore, ont penché en faveur de l’Algérie française.

« Un métier qui n’a pas de mémoire ne peut pas se projeter dans l’avenir », estime Jean-Marie Ozanne. Le patron de la librairie Folies d’encre, à Montreuil, est l’un des soixante-quatorze coauteurs de cette somme jusqu’ici sans équivalent, et qui devrait permettre aux libraires d’être plus forts pour affronter les défis à venir.

J’attends avec impatience de lire cette somme qui semble très interessante, je vous en dis plus une fois que je l’ai lu. Si quelqu’un l’a déjà déjà lu peuxt-il nous dire si il y a des passages sur la librairie ancienne et d’occasion ?

Merci d’avance.