Salon du livre ancien au Grand-Palais

A découvrir sur notre stand (D51) : Prédictions tirées des centuries de Nostradamus qui vray sembablement se peuvent appliquer au temps présent & à la guerre, entre la France et l’Angleterre, contre les provinces unies avec l’expliquation des médailles en François.

Petite brochure au ‘format’ in-12° relié de demi-chagrin brun au XIX° siècle, 83 pages, ex-libris de léon Duchesne de la Sicotière ; on lira avec attention la notice de Charles Nodier dans le Catalogue (de la vente) des livres rares et précieux et de la plus belle condition composant la bibliothèque de M. G. de Pixerécourt, (A noter que cet exemplaire à été vendu en 2007 à la vente Ruzo) notice 1934 : ‘ Ce volume rare et curieux est précédé d’une note de l’abbé Sepher et de cette autre note autographe de l’auteur : « Je vous envoye, Monsieur, une méchante coppie de mes ouvrages, laquelle ayant esté imprimée à mon insceu à Rouen par un libraire qui en a cru faire son profit, ne vous estonnés pas si vous y rencontrés beaucoup de fautes , et je suis forcé mesme de vous l’envoyer n’en ayant plus des premières impressions. Ainsi j’obéis à vos commandemens comme estant vostre très obéissant serviteur, le comte Du Jand.’et sur la page de titre : Ces vers ne sont point aussi de ma fasson, estant une augmentation de quelqu’un qui s’est voulu signaler en poésie, (L’exemplaire porte en outre plusieurs notes et corrections de l’auteur.) Quoiqu’il paraisse à la note de Du Jant que ce livre a été plus d’une fois imprimé, la suppression en fut si exacte qu’il n’en reste peut-être pas d’autre exemplaire que celui-ci. Le motif qui l’a rendu si rare n’est pas difficile à saisir : la Hollande avait publié contre Louis XIV des médailles fort injurieuses, dont la Cour s’efforçait d’empêcher l’introduction en France. Un courtisan maladroit, le bonhomme Du Jant, les fit soigneusement graver dans son ridicule ouvrage, pour avoir le sot plaisir de leur opposer quelques vers de Nostradamus : Mieux vaudrait un sage ennemi.Les précautions de la police contre la satire furent en pure perte. Elle se vengea sur l’apologie. Une circonstance d’un autre genre, mais qui n’est pas moins singulière, recommande ce livret aux curieux. Du Jant, si malheureux en flânerie, réussissait beaucoup mieux dans l’art plus difficile de la divination. Il prédit formellement à Louis XIV, sur l’autorité de Nostradamus, une vie qui doit se prolonger au-delà de soixante-seize ans, et ne se terminer qu’avec la quinzième année du siècle suivant. Cette prophétie s’est réalisée à la lettre, et l’on ne dira pas de celle-là qu’elle a été faite après coup : elle avait quarante-deux ans de date lorsqu’elle s’accomplit. Ces deux particularités me semblent faire de cet introuvable volume un monument historique extrêmement piquant. Les contemporains de l’auteur ne s’en doutaient guère.’ CH. Nodier. bel exemplaire.