De la promotion du patrimoine écrit, du commerce du livre ancien, du métier de libraire

De la défense du métier de Libraire

4 jours sous la coupole réstaurée du Grand-Palais, 4 jours à échanger avec des libraires, des lecteurs et des collectionneurs et toujours la même question qui revient. Comment faites-vouspour vivre de votre métier ?

Notre métier ou notre passion ? Car nous vivons à un autre rythme que tous les autres commerces. Le livre est un objet, un média culturel qui parfois attend 4 voir 10 voir 15 ans sur un rayon qu’une personne s’intéresse à son contenu ou a sa forme pour s’en saisir.
Absurde cette course à l’édition, ce délire économique autour du livre neuf et de l’édition !!! Le livre est porteur d’Histoire. Sa persistence dans le temps en est la preuve. Vouloir faire du livre un objet de commerce standart, édité, soldé, pilloné et hop disparu c’est détruire le témoin le plus fort de l’histoire. Seul il peut-être parlant. Dans une bibliothèque privé il raconte une histoire, cette fois la petite, celle de tout le monde, celle de monsieur tout le monde, celle de votre famille, celle de votre pays, celle du monde.

Alors comment vivons-nous de ce métier ?

Nous stockons, nous entassons, des livres que nous considérons important pour l’histoire du monde, des arts, des hommes qui peuplent cette planète. Nous avons 60 000 livres dans notre librairie et cela dans un village de 600 habitants. Nous les vendons et nous attachons la même importance au client qui nous achète 1 livre de poche à 3 euros, qu’à celui qui nous achète un livre à 10 000 euros au salon du Grand-Palais. L’essentiel c’est le partage autour de l’acte d’achat du livre… Sinon nous ne sommes plus libraire… C’est l’unique moteur qui justifie cet investissement permanent, cette vie dévouée à la culture et à son partage.

J’entends déjà les matérialistes, les concrets, les banquiers, les comptables, les terre à terre. Ils ont raison d’en parler. L’argent, oui l’argent… Nous en gagnons autrement nous ne serions pas là. Nous vivons de notre métier. C’est une gestion compliquée, lourde car notre stock ne se dépressie pas : qui peux dépressier le poids de l’Histoire ???

Nous étions ce week-end à Paris, au Grand-Palais pour le plus grand salon européen du livre ancien. Nous avons remplacé les défilés de mode, le FIAC, Toutankhamon et nous espérons revenir l’année prochaine. Un grand merci d’ailleurs aux organisteurs de ce salon qui ont permis à 18 000 visiteurs de savoir qui sont les gardiens de l’Histoire écrite. Certes il y a les bibliothèques, quand elles sont ouvertes à tous le monde. Mais les librairies sont près de chez vous, leur porte en est ouverte, venez y discutter, y parler, le temps s’y écoule différement et parfois vous repartirez avec un morceau d’histoire dans votre poche ou dans un sac.