21 Juin 2016
La Guerre olympique, de Pierre Pelot
Glaçant.
Ce roman présente un futur où des sportifs, sur-entraînés et sur-dopés, s’affrontent tous les deux ans. Ils représentent soit le « camp rouge » , soit le « camp blanc » . Et nous assistons bien non pas à des Jeux, mais une Guerre Olympique. Tous les coups y sont permis, même les plus vils (surtout les plus vils…).
Et pour le camp perdant, comme dans toute guerre, une sentence démographique : dix millions de morts, choisis dans leur rang (mais parmi les déviants,déliquants, subversifs, artistes…) Et la sentence est immédiate, grâce à l’implantation de ces micro-bombes dans le cerveaux de tous les citoyens, et qui explosent dès la proclamation des résultats.
Panem, circences, et paix sociale ?…
Quelques grands romans ont abordé le dévoiement de l’esprit de compétition. Si « W ou le souvenir d’enfance » de Georges Perec est bien évidemment le premier qui me vienne à l’esprit, cette Guerre olympique, de Pierre Pelot, occupe également pour moi, dans une vision totalement différente, une place très importante.
28 Juin 2016
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Poison City, de Tsutsui Tetsuya
Cela faisait longtemps que je n’avais pas plongé dans du manga, surtout dans du manga de cette qualité.
Poison City, de TSUTSUI Tetsuya, entrecroise génialement l’histoire d’un mangaka et de son oeuvre. À l’approche des Jeux Olympiques de Tokyo de 2020, et suite à un fait divers, un Comité d’Éthique et de Censure est créé au Japon, pour surveiller (et punir) les oeuvres dites subversives (voire conduire des actions contre leur mangaka).
Un jeune dessinateur, Hinibo Mikio, vient de signer, chez un grand éditeur, sa future série d’horreur… Dans ce contexte de pression insidieuse, comment va-t-il pouvoir créer ?
Se basant sur l’histoire du fameux Comics Code Authority, qui, aux États-Unis, fut la déclinaison au niveau des comics du MacCarthysme, mais se basant également sur sa propre expérience personnelle (un de ses mangas, Manhole, fut classé comme une « oeuvre nocive pour les mineurs » avec « incitation considérable à la violence et à la cruauté chez les jeunes » dans la région de Nagazaki), Tsutsui Testuya fait bien plus que ça, et explore la question par le petit côté de la lorgnette. Alors que son manga aurait pu être une charge bête et méchante, ou ne vouloir servir que sa lutte personnelle, cette oeuvre (en seulement 2 volumes) montre les errements des créateurs, leur tendance à envisager l’auto-censure, à essayer de trouver de mini-parades ridicules, plutôt que d’essayer simplement de faire leur oeuvre la meilleure possible.
Cela m’a énormément fait penser, également, à la charge contre les Jeux de rôles dans les années 90 (aussi bien aux États Unis qu’en France…), ou encore aux dérives télévisuelles que l’on voit fleurir dès qu’un(e) adolescent(e) commet un crime en relation explicite à une oeuvre… Faut-il parler du film « Scream » ? Faut-il parler de « The Catcher in the Rye » et de l’assassinat de John Lennon ?
Bref, ce Poison City est un manga éclairant et vraiment intelligent. Interrogatif, plutôt que bêtement affirmatif. Bref, loin du monde blanc ou noir de la censure et de certains anti-censure…