20 Juin 2011
Promenades japonaises
Nos murs sont actuellement décorés par de jolies « estampes » japonaises (reproduites au japon au début du début du XIX) tandis que dans une de notre vitrine trône un exemplaire magnifique des promenades japonaises d’Emile Guimet. Deux raisons de se laisser aller à quelques rêveries orientales. Pour commencer cette ballade on consultera le magnifique travail de la BNF sur le Ukiyo-e. Et pour aller à l’essentiel la très bonne page sur Wikipédia. Pour finir nous vous offrons un passage filmé de la littérature japonaise. En 1985 sortait « Mishima » de Paul Schrader. Ce film illustré par la musique envoutante de Philip Glass m’a laissé un souvenir marquant. En voici un des plus beaux passage : Kinkakuji : le pavillon d’or.
8 Fév 2017
0 Comments
Les exquises gravures de Seitei Watanabe
Nous vous proposons cette semaine un voyage vers l’Asie ! Au programme : une histoire de l’estampe japonaise et un point culture sur l’œuvre de Seitei Watanabe, dont nous vous proposons une quinzaine de gravures. Un régal pour l’œil de l’amateur d’art, du Japon et pour les amoureux de la nature !
Diptyque « oiseaux » de Seitei Watanabe (1891)
L’estampe japonaise, symbole d’évolution sociale
Au pays du soleil levant, l’estampe est un art séculaire. En japonais, elle se nomme « ukiyo-e », et signifie littéralement « image du monde flottant ». Ce mouvement artistique, centré autour d’une technique : la gravure sur bois est indissociable de l’époque Edo, qui dura du début du XVIIe à la fin du XIXe siècle. Les évolutions sociales et économiques inhérentes à cette période ont une influence directe sur les arts. En effet, on assiste à l’émergence d’une bourgeoisie citadine et marchande au détriment de la vieille aristocratie militaire. Ce qui se traduit par une évolution des formes et techniques artistiques -dont l’apparition de l’estampe, qui permet notamment une reproduction sur papier moins onéreuse que les traditionnelles (et coûteuses) peintures aristocratiques.
Les thèmes majeures de l’estampe japonaise
Vous l’avez probablement remarqué, certains motifs sont récurrents dans la pratique de cet art. La naissance de l’ukiyo-e étant liée à l’avènement de la bourgeoisie, il est donc logique que les thèmes représentés correspondent aux centres d’intérêt de cette dernière. Bien sûr, les femmes sont une inspiration majeure pour les artistes et notamment les courtisanes célèbres (« oiran »), sans oublier les scènes érotiques (« shunga »). D’autres célébrités nippones y ont également leur place, telles que les lutteurs de sumo, ainsi que les très populaires personnages de théâtre kabuki. Des sujets du quotidien comme les calendriers ou les cartes de vœux rencontrent aussi un grand succès. Enfin, la nature et les sites célèbres tiennent une place de choix.
Pour l’élite japonaise, l’estampe – en choisissant de représenter des sujets jugés triviaux et à travers son succès populaire – , est considérée comme vulgaire. D’un autre côté, avec l’ouverture du pays vers l’Occident à partir du XIXe siècle, cet art s’exporte et connaît un grand succès en Europe. Il y inspire de nombreux artistes et notamment l’école de Pont-Aven (Cézanne, Picasso, Gauguin) ou encore les impressionnistes (Van Gogh).
Branchages, de Seitei Watanabe (1891)
Seitei Watanabe, un souffle nouveau
Né en 1851 sous le nom de Yashikawa Yoshimata, Seitei (aussi transcrit Shōtei), est adopté par la famille du lettré Watanabe Koshi dont il prendra le nom. Il réalise ses premières études à 16 ans, sous l’ère Meiji (1868-1912). Sous l’impulsion d’ouverture et de modernisation du gouvernement, il est envoyé (comme des milliers d’autres étudiants) à l’étranger afin d’étudier les techniques et savoirs des pays occidentaux. A partir de 1878, Watanabe découvre les Etats-Unis, puis l’Europe. Il s’installe à Paris pour trois ans et en profite pour visiter l’Exposition universelle, où il est d’ailleurs distingué pour son oeuvre. Son objectif est d’y étudier la peinture occidentale ; il devient ainsi le premier artiste nihonga* à vivre en Europe.
Rapidement, son art séduit les européens, mais l’enrichissement est mutuel. Fort de nouvelles idées et inspirations, il rentre au Japon et perfectionne sa technique. On note une collaboration avec l’artiste Namikawa Sosuke, qui renforce alors sa réputation internationale. Trois albums de peintures et d’illustrations sont à retenir deux « Shōtei kacho gafu » (« Albums d’images d’oiseaux et de fleurs de Shōtei » – 1890-91 et 1916) et « Kacho gafu » (« Album d’oiseaux et de fleurs » – 1903). Les gravures que vous pouvez voir dans notre article sont issues du premier album.
Watanabe Seitei meurt en 1918 après avoir apporté un souffle nouveau dans la pratique de l’estampe et exporté l’art japonais eu Europe. L’artiste a été exposé partout dans le monde et récompensé par de nombreuses distinctions. Il inspira d’ailleurs les générations suivantes d’artistes nihonga*, et notamment Mizuno Toshikata et Kiyokata Kaburagi.
*Nihonga= peinture japonaise, il s’agit d’un terme générique désignant les peintures réalisées selon des techniques, matériaux et codes bien précis de la peinture japonaise traditionnelle.