De l’or en bulles

Quoi de plus plaisant pour l’amateur de bédé que d’ouvrir un album et d’y retrouver, au-dessus de son prénom manuscrit, un dessin original ? Réalisé par l’auteur, il confère une valeur singulière à l’ouvrage ainsi orné. Une valeur à la fois affective et pécuniaire.

J.L. Pesch (de son vrai nom Jean-Louis Poisson) est disparu cette année. Ce qui a commencé sa carrière à 14 ans laisse derrière lui une œuvre immense. Reprenant Sylvain et Sylvette, la création de Maurice Cuvillier, dès 1957, il travaillera sur la série jusqu’en 2022.

Faute d’héritier à la hauteur de ses exigences, il clôt la série et pose définitivement le pinceau peu de temps avant sa disparition ; il a 94 ans !

Fans

Vous n’avez pas peur de faire la queue des heures durant pour un dessin de votre illustrateur favori ? Munis d’un casse-croûte vous assiégez le stand d’un éditeur, posé sur un siège pliant ? Oui ? Alors vous êtes un authentique chasseur de dédicaces! Mais seriez-vous prêts à vous battre pour ce même dessin ? Peut-être pas… Pourtant, cela arrive parfois sur les plus grands salons et pour les auteurs les plus renommés. « Le fan déçu n’est pas toujours facile à gérer », expliquait il y a quelques années le responsable d’un stand à Angoulême.

Entre promotion et création, l’acte de dédicacer un album à un lecteur, en ajoutant une illustration originale à l’identité du fan, fait couler beaucoup d’encre.

 

Un véritable business

Pour certains, la revente d’un album dédicacé est devenue assez lucrative pour en faire une activité à part entière. En effet, mettre sur un site de vente en ligne un ouvrage fraîchement signé  peut rapporter beaucoup au « lecteur ». Qui n’est plus un fan passant un moment privilégié avec son illustrateur favori mais un spéculateur profitant du travail d’autrui.

Lors d’un salon, il n’est en effet pas rare qu’un dessinateur passe une journée à dédicacer sans pour autant toucher un centime pour ce « bonus » d’encre.

Cette pratique de revente soulève assez de questions pour que des auteurs, dégoûtés, cessent de soulever leur crayon lors des festivals. Sur certains stands de salons, on a institué le tirage au sort de tickets pour obtenir ce moment précieux avec l’illustrateur. Ce qui a conduit à d’autres dérives, comme la revente dudit ticket gagnant !

Une dédicace peut être l’occasion pour l’auteur de détourner ses propres personnages. Avec plus ou moins de légèreté !

Faut-il rémunérer les auteurs présents sur les salons et les festivals ? Doivent-ils exiger de leurs acheteurs un supplément pour la réalisation d’une dédicace ? Éditeurs, auteurs, organisateurs… les avis divergent et le débat n’est pas clos. Il ne le sera sans doute jamais.Aux grands salons certains amateurs préfèrent les séances en librairie. Ces lieux plus intimistes permettent souvent de passer un moment complice avec le dessinateur.

Que vous soyez chasseur d’autographes, de dédicaces ou de simples amateurs de dessins originaux, les albums que nous vous proposons, dédicacés avant cette ère de spéculation, ont tous ce petit quelque chose en plus qui ouvre le cadre de l’ouvrage à d’autres univers… parfois plus coquins !

 

Annie Goetzinger pensait créer des costumes pour le théâtre, elle deviendra dessinatrice de bédé. L’une des premières en France ! Son style réaliste à la fois élégant, fin et coloré, mettra souvent en valeur les scénarios historiques de Pierre Christin.

Né en 1951, Goetzinger disparaît à 66 ans. Casque d’Or, à l’inspiration très Art Nouveau, paraît en 1976. C’est son 1er album.

 

Hans Kresse (1921-1992) Cet auteur néerlandais est principalement connu pour sa série Les Peaux rouges, parue en France en 9 volumes entre 1974 et 1982. Un monument : Kresse est considéré comme l’un des Big Three de la bd néerlandaise. On lui doit aussi un « strip » animalier humoristique, Robijn, et surtout la série Eric le Brave créée avant Les Peaux Rouges.

 

Sources : Le Parisien libéré, France Info, RTBF, Wikipedia, Le Monde, lambiek.net