2 Avr 2015
Curiosa et érotisme, bienvenue dans le cabinet secret d’Abraxas-Libris !
(certaines images peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non averties)
A travers siècles et civilisations, les représentations des jeux de l’amour, l’érotisme et la pornographie (les frontières restent plus que floues), enrichissent sans fin arts et littératures.
Des récits transgressifs et libertins vendus sous cape à une sorte de contre-culture pour initiés, des amours coquines aux perversions raffinées…voici quelques ouvrages qui vous feront reposer votre exemplaire de Fifty Shades of Grey.
Les jeux de l’amour :
Le Kama Sutra, illustré par Dubout, In-4 (27,5 x 22 cm), 247 pages, relié sous emboîtage illustré, relié en skyvertex noir, tête dorée, dos à quatre nerfs, Cupidon au dos et signature de Dubout sur le premier plat, illustrations couleurs in et hors texte.
Récits érotiques roses foncés :
Giamiani ou Deux nuits d’excès, par Alfred de Musset, In-4 (34×25 cm), broché, couverture illustrée, 122 pages, dessins en noir et blanc de Gilbert Garnon, préface de Françoise d’Eaubonne.
Jeux innocents par Tomy,123 pp. pour ce volume in-4 relié, demi-chagrin à coins. Ouvrage manuscrit, sur simili Japon, à l’encre noir, avec quelques lettrines à l’encre rouge, et 9 dessins d’ornement (cul-de-lampe, etc.) Récit d’une initiation amoureuse et sexuelle, écrit par Tomy (qui avoue 80 ans dans une préface postérieure, et espère que son récit pourra servir à la jeune génération). Il aurait été édité en 1902 par Hirsch et Dutel. Ex-libris prestigieux (Gérard Nordmann). [Réf. : Pia, Enfer, 692 (pour une édition de 1919) ; Perceau 307 ; Dutel 416 et 417 (éditions de 1902 et 1912)]
Oeuvres du Marquis de Sade :
L’histoire de Jérôme , par le Marquis de Sade, In-8 (19.5×25 cm), broche sous couverture rempliée, sous chemise et emboîtage, 124 pages, ouvrage illustré de 12 eaux-fortes originales rehaussées de couleurs par un artiste inconnu, deux lettrines illustrées en couleurs, un des 275 exemplaires du tirage classique.
Juliette, par le Marquis de Sade, Grand volume in-folio (42 x 32 cm), cartonné toile rouge, titre imprimé doré sur le premier plat et le dos, sous emboîtage cartonné toile rouge identique. 114 pages. TIRAGE DE LUXE pour cette adaptation graphique du célèbre roman de Sade par Philippe Cavell et Francis Leroi, tirage limité à 500 exemplaires, tous accompagné d’une planche (volante) numérotée et signée par Philippe Cavell.
Pour les publics avertis :
Punitions et dressage, In-4 à l’italienne (21*27), dos carré collé, couverture souple illustrée, 64pp., nombreuses illustrations hors texte.
La flagellation passionnelle, In-8 (13,5 x 19 cm) relié, demi-chagrin ocre brun, 279 pages, couverture conservée, catalogue de l’éditeur in fine, 10 illustrations noir et blanc hors-texte.
Vous pouvez retrouver tous nos ouvrages sur ce même thème ici :
http://www.abraxas-libris.fr/érotisme
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13 Déc 2017
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Érotiques – La Balance, 1967
Publié en 1967, à titre strictement confidentiel, cet album de photographies érotiques expose les réalisations du talentueux photographe Pierre Jousson. L’édition de 1967 n’est pas signée, mais celle-ci a été reproduite un an plus tard sous les auspices de Régine Deforges, avant d’être immédiatement frappée d’interdiction par le gouvernement conservateur de De Gaulle, ce qui n’a pas peu contribué à accentuer sa rareté.
Faisant montre d’une provocante audace, qui rejette absolument toute pudibonderie, Pierre Jousson propose ici une série de photographies libertines, où deux modèles anonymes (un homme et une femme) s’unissent en toute licence sous le regard complice de l’objectif. Ces instantanés surprenants dégagent un érotisme des plus singuliers, Pierre Jousson n’ayant pas son pareil pour magnifier sur pellicule la fusion sensuelle des chairs – des corps qui se trouvent et qui se troublent.
Par ailleurs, le clair-obscur fuligineux du noir et blanc accentue de manière provocante les poses lascives des modèles, et instaure un saisissant contraste entre les peaux immaculées et l’arrière-plan ténébreux (les scènes sexuelles se déroulant dans un lieu entièrement plongé dans le noir, à l’exception des corps des modèles éclairés par une douce lumière tamisée).
Les planches des photographies sont entrecoupées de feuillets contenant quelques épigrammes fort grivoises de Louise Labé et de Pierre de Ronsard, qui enveloppent d’une fragrance capiteuse le contenu de l’album – au demeurant très épicé :
« Baise m’encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux :
Je t’en rendrai quatre plus chauds que la braise. »
Tout l’album baigne ainsi dans une atmosphère d’ardente volupté, ce qui fait de cet ouvrage un véritable objet de collection, rare et précieux – et tout à fait unique en son genre. En 1967, les productions d’art érotique étaient produites dans la plus complète clandestinité, du fait d’une rigide censure gouvernementale – l’ouragan Emmanuelle, incarnée par la légendaire Sylvia Kristel, n’ayant pas encore ébouriffé le public français… Qu’on se souvienne aussi que, quelques années auparavant, l’éditeur Jean-Jacques Pauvert avait été poursuivi par le Ministère public pour avoir osé promouvoir Sade et éditer l’intégrale des œuvres du Divin Marquis… Il était visiblement périlleux d’aimer les plaisirs de la vie dans la France gaulliste d’après-guerre, et l’on ne peut que saluer la hardiesse artistique de Pierre Jousson, qui s’est inscrit en faux contre le rigorisme hypocrite de son temps.
Dans cet album édité de manière confidentielle, le photographe Pierre Jousson propose uniquement des situations hétérosexuelles, tout autre schéma intime étant à l’époque impensable. Car, un an avant Mai-68, qui fit souffler sur l’Hexagone un formidable vent de liberté, la France végétait sous le règne étouffant de « Tante Yvonne » et de sa réfrigérante chape de plomb morale. La revue gay « Arcadie », dirigée par le très bourgeois André Baudry, et qui proposait des nus timides de couples masculins à ses abonnés, passa ainsi sous les fourches caudines de la justice française, pour avoir eu le courage de s’écarter des « normes » établies.
On peut dire la même chose de l’album Érotiques de Pierre Jousson, qui, par son originalité et son audace, reste le témoignage irremplaçable d’une époque que l’on voudrait croire à jamais révolue, nonobstant l’offensive actuelle des nouveaux puritains.
(photo de la réédition de 1968, différente de celle vendue par Abraxas-Libris, qui propose l’édition rarissime de 1967, éditée à une poignée d’exemplaires)