1 Fév 2016
Édition originale de la troisième partie des œuvres de Théophile de Viau, 1625
Imprimé en 1625, ce très rare exemplaire issu de la bibliothèque de Frédéric Lachèvre est la véritable édition originale de ce qui sera plus tard la troisième partie des œuvres de Théophile de Viau.
Bibliographe et critique littéraire, Frédéric Lachèvre (1855-1943) est un spécialiste du libertinage du XVIIe siècle.
Son idée du libertinage réduit cette forme de libre-pensée à la seule indiscipline, à la licence des mœurs. Il refuse d’y voir une philosophie à part entière et va jusqu’ à faire du libertin un idiot et un dépravé sans aucune morale.
Son œuvre comprend une vaste étude sur le libertinage du XVIIe siècle, des recueils de poésies des XVIe et XVIIe siècles, des bibliographies. Cette passion pour le XVIIe siècle le mène à Pierre Louÿs (1870-1925), auteur et grand bibliophile, dont la bibliothèque regorge de richesses. Une amitié intellectuelle s’instaure entre les deux hommes, de cette collaboration naissent les Recueils collectifs de poésies libres et satiriques publiés depuis 1600 jusqu’à la mort de Théophile (1626).
Ouvrages de Lachèvre sur Théophile de Viau :
Les Recueils collectifs de poésies libres et satiriques publiés depuis 1600 jusqu’à la mort de Théophile (1626), Paris, Champion, 1914.
Le Procès du Poète Théophile de Viau, 2 vol., 1909-1911 – Honoré Champion, . Réédition à Genève, Slatkine Reprints en 1968.
Cette édition, la seule véritable et sans ajouts est imprimée en 1625, année de sortie de prison de Théophile de Viau et un an avant sa mort. L’auteur nous précise d’ailleurs dans un « Au lecteur » que ces pages sont de sa propre plume, contrairement aux précédentes éditions qui sont « un amas de discours (…) empruntés de plusieurs autres ».
Ces pages sont écrites pendant son séjour en prison. En effet Théophile de Viau, élevé dans la religion protestante, se convertira au catholicisme plus tard mais fini par rejeter complètement les croyances chrétiennes. C’est un libertin d’esprit et de moeurs, plutôt épicurien, ce qui lui vaudra le bannissement dès 1619.
Son oeuvre, composée de pièces de théâtre et de poésie est baroque, lyrique et un peu maniérée (on ne s’étonnera pas de devoir sa « redécouverte » à Théophile Gautier). Il est surtout connu pour sa tragédie en cinq actes : Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé (1621).
Au sommaire de cette très belle édition, vous trouverez :
La plainte de Théophile à son ami Tircis
La pénitence de Théophile
Requête de Théophile au Roi
Théophile incarcéré
Apologie de Théophile
Requête de Théophile à Nosseigneurs de Parlement
Très humble requête de Théophile à Monseigneur le premier président
Remerciement de Théophile à Corydon
Théophile à son ami Chiron
Prière de Théophile aux poètes de ce temps
Remontrance de Théophile à Monsieur de Vertamont conseiller en la Grand-Chambre
La maison de Sylvie par Théophile
Lettre de Théophile à son frère
Retrouvez cet ouvrage et bien d’autres au stand F18 du Salon International du Livre rare, de l’Autographe, de l’Estampe et du Dessin au Grand Palais à Paris Édition 2016,du 22 au 24 avril de 11h à 20h, le dimanche de 11h à 19h.
6 Juin 2016
0 Comments
Pierre Louÿs et l’histoire littéraire, Lettres à Frédéric Lachèvre (1907-1921) avec supplément (1919-1921)
C’est un ouvrage d’exception que nous vous présentons cette semaine. Il s’agit de la correspondance entre l’écrivain Pierre Louÿs et le critique littéraire Frédéric Lachèvre. Outre sa rareté et sa beauté, cette édition originale de « Pierre Louÿs et l’histoire littéraire » (1925) comprend neuf lettres manuscrites signées Louÿs. Un livre précieux dans le monde de la bibliophilie !
Un ouvrage d’exception
Attardons-nous tout d’abord sur l’aspect et la composition du livre. La reliure (signée Blanchetière) est en plein maroquin grenat sous emboîtage. Elle est exceptionnelle, de par sa beauté et son état de conservation, parfaite. L’ouvrage a la particularité d’être entièrement monté sur onglet. Certaines lettres manuscrites retrouvées chez Pierre Louÿs ont été reliées dans cet exemplaire unique, selon la volonté de Lachèvre. On en compte 9 en tout, certaines inachevées, d’autres inédites. L’emblématique encre violette utilisée par l’auteur reste inaltérée. Le supplément concernant la correspondance de 1919 à 1921 est par ailleurs le numéro 1 !
Il existe seulement 75 exemplaires sur Arches de ce livre, pour le moins rare. Le nôtre, le n°57 était l’exemplaire personnel de Frédéric Lachèvre. C’est pourquoi il porte au contre-plat le prestigieux ex-libris de ce dernier, ainsi que son fer doré au 1er plat et sa signature sur le justificatif de tirage.
Justificatif de tirage et signature de Lachèvre
Une passion commune : les libertins du XVIe s.
Pierre Louÿs et Frédéric Lachèvre avaient plusieurs centres d’intérêt en commun. Tout d’abord, un amour de la littérature doublé d’une passion pour les livres rares et remarquables, ou bibliophilie pour les intimes. La bibliothèque de Louÿs aurait d’ailleurs compté près de 20 000 volumes ! C’est cependant un certain type de littérature qui intéresse au plus haut point les deux auteurs : le curiosa. Et plus particulièrement, le libertinage du début du XVIe siècle. Une passion qui a nourri leur inspiration et leur correspondance féconde. Outre l’écriture de plusieurs études et recueils sur le sujet, Lachèvre a également publié de nombreux auteurs emblématiques du genre (comme Théolphile Viau). Sa bibliothèque n’est d’ailleurs pas en reste.
La controverse Corneille / Molière
Ce tout autre sujet est également l’objet de plusieurs lettres entre nos deux littérateurs. Pierre Louÿs avance en effet une théorie remettant en cause la paternité des œuvres de Molière. Selon lui, ce dernier ne serait qu’un prête-nom pour Pierre Corneille. Il base sa réflexion sur la ressemblance lexicale entre les pièces de Molière et de Corneille. De plus, il s’agirait selon Louÿs d’une pratique courante à l’époque (mais qui ne le fut en réalité qu’à partir du XVIIe s.). Lui-même a « démontré » cette théorie en nous donnant un bel exemple de mystification littéraire : en 1894, il publie « Les chansons de Bilitis » qu’il fait passer pour une traduction de l’œuvre d’une poétesse grecque, contemporaine de Sappho.
L’exemplaire personnel de Lachèvre nous offre une plongée unique et authentique au coeur de « L’Histoire littéraire ». La facture de ce véritable objet de collection est encore une fois, exceptionnelle. Les lettres manuscrites de Louÿs nous permettent de toucher du doigt l’histoire de la bibliophilie !