La Collection Patrie, une plongée dans l’histoire… et la propagande de guerre

Nous nous replongeons cette semaine dans une période sombre de l’Histoire : les guerres mondiales. Avec cependant un élan irrépressible de patriotisme et d’admiration pour nos héros tombés au combat pour l’amour de la « Patrie ». Vous l’aurez deviné, le sujet de ce papier porte sur la littérature populaire et la propagande de guerre au travers de la fameuse Collection Patrie, des Editions Rouff. Un hommage aux anciens combattants doublé d’un amour déraisonné de la nation. Aux armes, et caetera!

Le général Leclerc (collection « patrie » n°56)

Collection Patrie, caractéristiques

C’est en février 1917 que le premier numéro de la série voit le jour, sous l’impulsion de l’éditeur Frédéric Rouff (fils du fondateur de la maison d’édition Jules Rouff). Sa ligne éditoriale : raconter chaque semaine un fait de guerre réel, de façon plus ou moins romancée. Chaque épisode se concentre sur un conflit toujours en cours ou bien résolu et met en avant un personnage (Général Leclerc, Satanas), une action action collective (« Clandestins contre Gestapo« , téléphonistes) ou un lieu (Belfort, Tokio, Corse). Le tout en glorifiant l’action de l’armée française et en diabolisant l’ennemi absolu d’outre-Rhin (« L’espionnage Boche en Suisse« ).

Les épisodes paraissent donc à une fréquence hebdomadaire sous la forme de fascicules de 24 pages, d’environ 15 x 20 cm et au dos agrafé. Une particularité séduisante pour les lecteurs de l’époque : la couverture invariablement illustrée et en couleurs représentant des hommes et des engins militaires au cœur de l’action! Parfois, quelques illustrations en noir et blanc se glissent même dans le texte. Etant données les restrictions ayant cours durant ces périodes de guerre, les tirages originaux souffrent d’une impression de mauvaise qualité. En effet, le papier et a fortiori le bon papier se fait rare et la littérature populaire n’est pas prioritaire sur la liste des industries demandeuses de papier. C’est pourquoi la Collection Patrie fait -dès que cela est possible, l’objet de nombreuses réimpressions. Le succès populaire est au rendez-vous et même le passage de son prix de 10 à 30 centimes ne décourage pas le lecteur, friand de ces histoires ô combien d’actualité alors.

La collection paraîtra en 4 séries entre 1917 et 1951, regroupant en tout près de 300 épisodes :

  • La première série de 154 fascicules de 1917 à 1920, retrace les débuts de la GMI.
  • La deuxième série de 10 fascicules de 1939 à 1940, se centre elle sur les débuts de la GMII.
  • La troisième série de 30 fascicules sur l’année 1946, met en avant les opérations de reconquête du pays et s’intitule « Patrie libérée« .
  • La quatrième série de 75 fascicules de 1947 à 1950, relate les différents « exploits » ayant eu lieu pendant la GMII.
  • Il existe une cinquième série de 20 fascicules à partir de 1950 s’intitulant « Collection Patrie – Sois un homme! », cependant elle ne traite pas vraiment de la guerre et se concentre sur des exploits de « civiles ».

Collection Patrie (complet des 154 fascicules)

Les artisans de la Collection Patrie

Au fil des séries, la collection Patrie a fait appel à une quarantaine d’auteurs, dont le plus célèbre n’est autre que Léon Groc (1882-1956). Cet écrivain populaire des plus prolixe et aux pseudonymes multiples est alors connu pour ses romans policiers, de science-fiction et sentimentaux. Il prendra également en charge la direction littéraire de la collection. D’autres auteurs eux aussi issu de la littérature populaire prennent la plume pour la collection Patrie :

Gustave Le Rouge (1867-1938), écrivain, poète, essayiste, critique et journaliste

Georges Spitzmuller (1866-1926), écrivain, dramaturge, journaliste et librettiste

Georges-Gustave Toudouze (1877-1972, à ne pas confondre avec son père Gustave Toudouze également écrivain), écrivain, historien et journaliste

Jean Petithuguenin (1878-1939), romancier, traducteur

En ce qui concerne les illustrations -de couverture notamment, beaucoup sont réalisées par un certain Gil Baer (1863-1931). Illustrateur de métier, il réalise à côté de la collection Patrie (et autres publications dramatiques) des dessins humoristiques. Sa carrière l’amènera à travailler avec Le Pèle Mêle, La Chronique parisienne ou encore Le Petit Français Illustré.

Mon escadrille (collection « patrie » n°74)