12 Sep 2016
Georges Simenon, l’auteur aux mille visages
Nous nous penchons cette semaine sur un auteur devenu incontournable dans la littérature populaire : Georges Simenon. Si les noms de Commissaire Maigret, Liège et G. Sim vous intriguent, nous vous en disons plus sur cet écrivain hors-du-commun.
L’enfance précoce de Georges Simenon
Cet écrivain belge voit le jour à Liège le 13 février 1903. Son père, Désiré Simenon est comptable et sa mère, Henriette Brüll est employée de magasin. A 3 ans, le petit Georges sait déjà lire et écrire et est un écolier exemplaire, toujours en tête de classe. A 12 ans, il sait qu’il veut devenir écrivain. En 1918, il abandonne ses études et enchaîne des boulots alimentaires. Un an plus tard, il devient reporter pour « La Gazette de Liège », Georges Simenon n’est alors âgé que de 16 ans. Cette expérience aura une incidence directe sur ses écrits futurs. En effet, le jeune Georges s’intéresse tout particulièrement aux enquêtes policières et à tout ce qui concerne la police scientifique. Il produira plus d’un millier d’articles pour le journal et commencera même à utiliser plusieurs des ses fameux pseudonymes, dont le célèbre « G. Sim« .
Georges Simenon, un auteur prolifique
C’est en 1919 que Georges Simenon écrit son premier roman. « Le Pont des Arches » sera publié deux ans plus tard sous son pseudonyme de journaliste. Il ne s’arrêtera plus. Durant sa vie d’auteur, il écrit 117 romans sous son vrai nom et près de 200 romans populaires signés de différents pseudonymes. Si vous êtes fan de Maigret, sachez que Simenon a écrit 103 épisodes autour des aventures du personnage (soit 75 romans et 28 nouvelles). Certains se sont amusés à répertorier le nombre de personnages auxquels Simenon a donné vie, soit environ 9000 évoluant dans 1800 lieux du monde entier ! L’oeuvre de Georges Simenon est devenue une source d’inspiration pour le 7e art, à ce jour près de 65 films français ont été adaptés de ses romans, sans compter tous les épisodes de Maigret adaptés pour la télévision. En tout, les œuvres de Simenon se seront vendues à 550 millions d’exemplaires à travers une cinquantaine de pays.
Les 27 pseudonymes de Georges Simenon
En fonction des types d’ouvrages qu’il rédigeait, Georges Simenon utilisait son vrai nom ou alors un ou plusieurs pseudonymes. Écrivant énormément pour les journaux humoristiques et les revues légères, les pseudos consacrés à cette littérature sont les plus nombreux. On retient par exemple, Aramis, Bobette, Miquette, Pan ou encore Le Vieux Suiveur. Le pseudo de Christian Brulls (du nom de jeune fille de sa mère) était utilisé pour des écrits haut-de-gamme, tout comme Georges Sim. Simenon a aussi écrit des oeuvres « galantes », pour lesquelles il réservait d’autres noms plus croustillants, tels que Poum et Zette, Kim, Tom Gut ou encore Plick et Plock. D’autres, comme Georges Georges-Martin (et ses variantes), Jean Dorsage ou Jean Du Perry étaient quant à eux des noms réservés à des productions plus « bas-de-gamme ».
Après avoir passé toute une vie à écrire, Georges Simenon s’éteint à Lausanne, en 1989, à l’âge de 86 ans. Outre ses innombrables romans, il laisse derrière lui des essais, conférences, nouvelles, contes galants et autres écrits qui ont inspiré et continuent d’inspirer des auteurs, des réalisateurs et autres metteurs en scène. Sans oublier les millions de lecteurs qu’il a gardé en haleine et fait voyager !
7 Août 2020
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« Le Livre-Échange », histoire du livre voyageur
Boîtes à livres, livres voyageurs, bibliothèques itinérantes… Autant de systèmes contemporains permettant de faire vivre la lecture au-delà de sa ville ou de son village. Il y a 150 ans déjà, un amoureux des livres mettait en place un mode de « location » de livres à travers les grandes villes françaises. Nous vous en disons plus dans cet article sur le Livre-Échange !
Au Bonheur des Dames d’Émile Zola
Le livre-échangisme
Cette histoire commence au début des années 1880. M. Étienne Molles-Puyredon, représentant en commerce de la célèbre manufacture d’orfèvrerie Christofle passe alors de longs moments dans les trains pour prospecter d’une ville à l’autre de France et de Belgique. Féru de lecture, il aime faire passer le temps du voyage en lisant des romans populaires. Malheureusement les livres coûtent assez chers et les solutions de prêt ne sont pas des plus satisfaisantes. En effet, les bibliothèques municipales existent, mais sont plutôt réservées à l’érudition. Et quand bien même elles proposent des romans pour se divertir, l’offre est généralement très limitée localement.
C’est alors que M. Molles-Puyredon a l’idée d’organiser un réseau de lecture à travers les grandes villes de France au service des personnes en itinérance – les voyageurs de commerce. Il s’associe tout d’abord à des hôtels en leur proposant d’installer une bibliothèque dédiée dans leur établissement. Chaque lecteur souhaitant acquérir un livre doit débourser 3,50 francs. S’il souhaite simplement échanger un livre, il ne paie plus que 50 cts à l’hôtelier-libraire. La recette des ventes servent à renouveler les livres vendus et rémunérer les établissements formant le réseau.
Page de présentation du Livre-Échange et liste des bibliothèques et villes intégrant le réseau.
Rapidement, la formule gagne en succès, notamment grâce à un renouvellement continu des fonds, un dispositif simple d’accès (pas d’inscription nécessaire) et surtout peu coûteux. On voit alors fleurir les dépôts, dans les hôtels d’abords, puis via les professionnels du livre qui s’emparent du système: kiosquiers, libraires, éditeurs ou même imprimeurs. Ainsi le nombre de dépôts en hôtel atteindra les 450 à son apogée . Le public visé -en premier lieu les professionnels nomades de province s’élargit au grand public (de plus en plus parisien) ; le Livre-Échange intègre de la publicité pour financer son organisation.
La locomotive, logo du livre voyageur
L’inventeur du système de location, M. Molles-Puyredon qui souhaitait garder le contrôle sur son projet se voit peu à peu dépassé par l’ampleur du succès. Il sera même copié par la suite -preuve ultime de l’intelligence de son idée. Voici par exemple un descendant direct du « Livre-Échange »: le « Roman-Réclame ». Dès le titre on comprend que la ligne éditoriale n’est pas tout à fait la même, bien que le principe reste lui, identique. Les romans sélectionnés sont censés attirer les populations n’ayant pas l’habitude de lire et le financement -ouvertement revendiqué, se fait à coup de nombreuses pages de publicité (près de 200 dans notre exemplaire!).
Aujourd’hui on peu retrouver l’esprit du Livre-Échange de Molles-Puyredon dans de nombreuses initiatives, comme le Book-Crossing, qui fait voyager les livres dans le monde entier gratuitement.
Retrouvez l’histoire complète du Livre-Échange dans cet ouvrage: Bernard Grelle, Noë Richter, Edmond Thomas « Les réseaux échangistes ». Bernay, Société d’Histoire de la Lecture, 2007 (2e édition)