6 Déc 2016
Bandes dessinée et tirages de têtes
Nous continuons notre tour d’horizon de l’univers de la bande dessinée, avec cette semaine un point sur les tirages de tête. Si vous êtes collectionneur, vous en possédez peut-être dans vos vitrines. Il est aussi possible que vous n’ayez jamais entendu parler de ce terme de bibliophilie. Dans les deux cas, nous vous en disons plus sur ces parutions à part dans le monde de la BD !
Tirage de tête et tirage de luxe
En bande dessinée, il existe de nombreuses possibilités de commencer et/ou d’étoffer une collection et notamment grâce aux pièces d’exception que représentent les tirages de tête. Ces derniers sont aujourd’hui des versions enrichies d’albums déjà parus (dans la plupart des cas). Une qualité d’impression supérieure, un format plus grand… en plus d’une présentation plus luxueuse, le tirage de tête (TT) est souvent signé par le ou les auteur(s) et comprend quelquefois des bonus (figurine en carton, ex-libris* ou marque-page par exemple). Leurs tirages se situent en général entre 50 et 1000 exemplaires.
A l’origine, lorsque l’impression des bandes dessinées se faisait encore « artisanalement« , les tirages de tête avaient une autre signification. En effet, les premières impressions étaient réalisées sur du papier de meilleure qualité, car les plaques d’encrage encore neuves permettaient une impression optimale. Les tirages de tête étaient donc issus du début de processus et équivalaient à l’édition originale, souvent signée par l’auteur. Leur nombre limité, la beauté du papier et la netteté des caractères en faisaient déjà des tirages prisés des bibliophiles.
Aujourd’hui, plusieurs « tirages de luxe » existent, allant du tirage limité (moins limité que le TT) au tirage de libraire. Ils peuvent (re)paraître à diverses occasions comme une date anniversaire, la sortie d’une intégrale, etc. Les tirages de libraire ou d’éditeur sont plus souvent appelés « Hors Commerce » et sont réservés à l’auteur et à ses proches. Ces exemplaires, que l’ont retrouve parfois en circulation sont d’autant plus prisés qu’ils sont rares !
Les tirages de tête à dénicher à Abraxas-Libris
Outre sa rareté, les TT a un autre intérêt. Ceux qui perpétuent l’esprit des tirages de tête des débuts offrent à l’amateur de BD une véritable plongée dans les coulisses de la publication. On parle là des TT dont le grand format se rapproche de la taille des planches originales, parfois même encore en noir et blanc ou sans cases, permettant de découvrir des détails parfois invisibles en format grand public. Certains TT comme ceux du titre « Le Scorpion » sont d’ailleurs reconnus pour leur qualité exceptionnelle et leurs à-côtés qui proposent une immersion inédite dans l’univers de la série. Rien à voir donc avec certains tirages de luxe qui se contentent de changer de couverture et d’ajouter quelques croquis inédits.
Voici la liste des tirages de tête et de luxe que nous vous proposons chez Abraxas-Libris, si vous en avez la possibilité, n’hésitez pas à venir les voir dans les vitrines de notre boutique !
- « Les passagers du vent : la petite-fille du bois caïman (livres 1 et 2)« , de François Bourgeon (12 bis, 2009)
- « Plumes aux vents : Beau-Ténébreux. Ni Dieu ni diable« , de Cothias (Dargaud, 2004)
- « Plumes aux vents : La folle et l’assassin. L’oiseau tonnerre« , de Cothias (Dargaud, 2002)
- « Le Scorpion (tomes 1 à 5)« , de Stephen Desberg et Marini (Dargaud, 2000 à 2005)
- « Kochka 1- Nouvelle-Orléans 1862« , de Brémaud et Duhamel (Paquet, 2002)
- « Soledad, La cible« , de Tito (Glénat, 1983)
- « Les Capahuchos, Les faubourgs« , de Marcelé (Glénat, 1983)
- « Hard Boiled, tome 1« , de Franck Miller (Delcourt, 1990)
- « Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, le Mystère des profondeurs« , de Tardi (Canal B, 1998)
- « Femmes« , collectif (Ludovic Trihan, 1986)
*dans ce contexte précis, le terme « ex-libris » désigne une illustration originale numérotée et signée par son auteur.
10 Nov 2017
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Les Oiseaux de l’Egypte et de la Syrie, 14 magnifiques gravures par procédé Jacomet (Le Jardin de Flore 1979)
Ce n’est pas une simple trouvaille, mais un véritable trésor visuel que la librairie vous propose cette semaine ! Les naturalistes, amoureux des oiseaux mais aussi collectionneurs en tous genres vont pouvoir découvrir une très belle rareté. Il s’agit de 14 planches sous chemise représentant 44 gravures d’oiseaux égyptiens et syriens réalisées avec le procédé Jacomet. Elles sont accompagnées de cahiers d’explication et de classification des espèces signées Jules-César Savigny et Victor Audouin. Découvrez avec nous l’histoire du conquérant et du scientifique, de l’architecte et de l’imprimeur qui se cache derrière cette oeuvre magnifique.
Une des 14 planches publiées par Le Jardin de Flore
Les expéditions napoléoniennes
L’histoire originelle des ces gravures remonte au début du XIXe siècle, du temps où Napoléon avait pour ambition de conquérir l’Egypte. Outre son armée, l’empereur y a aussi emmené une importante délégation de scientifiques et artistes, dont les observations seront consignées dans l’un de chefs-d’oeuvre de l’édition française: La description de l’Egypte. Cette entreprise monumentale compte pas moins de 23 volumes, dont 13 consacrés aux gravures (ce qui représente plus de 1000 planches quasi-intégralement en noir). Un défi logistique et technique, puisque l’expédition a nécessité de nouveaux moyens pour aider fabricants de papier, les graveurs et les imprimeurs à mener à bien leur tâche hors-norme (certains formats de papier pouvaient aller jusqu’au mètre carré).
Les planches d’oiseaux dont il est question aujourd’hui, appartiennent naturellement à la série des Oiseaux, dont l’étude a été confiée à Jules-César Savigny (botaniste/zoologiste/ornithologue). Les planches originales ont été réalisées à la gouache.
Fernand Pouillot et le Jardin de Flore
Grand architecte de formation, Fernand Pouillon (1912-1986) nourrit d’autres passions qu’il finit par assouvir avec humanisme et talent. Il s’essaiera aussi à la littérature avec un roman écrit en prison et la publication de ses mémoires en 1968. Ce n’est ni à l’un ni à l’autre que nous faisons référence aujourd’hui, mais au Fernand Pouillon éditeur. Celui qui crée en 1974 le Jardin de Flore. Une maison d’édition dont le but avoué est l’excellence bibliophilique. S’entourant des meilleurs spécialistes et artisans d’art et du livre (dont fait partie Daniel Jacomet cité plus bas), il cherche à rééditer à 250 exemplaires la fine fleur des ouvrages d’art et d’architecture du XVe au XXe siècle. Il souhaite également réaliser des oeuvres originales à l’aide de méthodes artisanales autour de certains thèmes de prédilections comme les jardins, les bijoux ou encore les oiseaux…
Tirage numéroté et limité à 250 exemplaires (ici le n°91), sur papier Chiffon du Moulin du Gué
Le procédé Jacomet
Véritable artisan du livre, Daniel Jacomet s’est consacré à la recherche de techniques toujours plus poussées dans les domaines de la phototypie, du pochoir et du vieillissement du papier. Des techniques avantageusement utilisées lors de la production de fac-similés de documents anciens (« gravures et dessins rehaussés, aquarelles, pastels, sanguines et manuscrits »). A tel point que son nom est donné au procédé qu’il a élaboré et il est aujourd’hui établi que ce dernier « tend vers une fidélité de reproduction reconnue comme unique au monde« . Ainsi Jacomet compte parmi ses réalisations des fac-similés du Manuscrit B de De Vinci, celui de Champollion, mais aussi des carnets de dessins de grand maîtres peintres (Picasso, Gauguin, Matisse…)*. C’est Daniel Jacomet lui-même qui a reproduit les 14 planches de la suite des Oiseaux et procédé, entièrement à la main et avec l’aide de Jean-Marie Le Danois, à la mise en couleurs des oiseaux. Ceux-ci, au nombre de 44, sont représentés grandeur nature. Admirez plutôt!
*Plus d’informations concernant le procédé Jacomet sur le site de l’imprimeur (un savoir-faire qu’il a transmis à ses descendants).