10 Mar 2017
Égypte antique, ostraca et écriture hiératique
L’égyptologie n’a cessé de déchaîner les passions depuis sa naissance au XVIIIe siècle, sous l’impulsion de Napoléon Bonaparte. De « Napoléon en Égypte » de Barthélémy aux œuvres de Maspero, en passant par la ruineuse et fastueuse édition de la « Description de l’Égypte »(1809-1829), sans oublier le « Voyage dans la haute et la basse Égypte » illustré par Vivant Denon (1803)… Quelques titres évocateurs qui rappellent que l’édition française est bien le lieu de l’expression de cette passion égyptienne. Au programme : hiéroglyphes, ostraca et autres antiquités. Vous l’aurez compris, nous vous emmenons cette semaine vers des temps anciens dont les découvertes et les secrets n’en finissent pas de nous fasciner !

Ostraca égyptiens
Ostracon et ostracisme
Les profanes se demanderont -à raison, quelle peut bien être la signification de ce mot aux sonorités barbares. Dans l’Antiquité, l’écriture était peu répandue et les supports restaient rares et onéreux. C’est pourquoi, il était courant de faire du recyclage en récupérant des tessons de poterie, éclats de calcaire ou fragments de céramique afin d’en faire un support d’écriture au quotidien. Les grecs nommèrent ces petits support des ostraca (oui, on dit un ostracon et des ostraca). Ils furent d’ailleurs utilisés par de nombreuses civilisations pendant des siècles (grecque, romaine et bien sûr égyptienne). Concrètement, leur usage était destiné à des formes éphémères d’écriture : aide-mémoire, brouillon ou bref rapport militaire pour n’en citer que quelques-unes. Le plus souvent, l’ostracon était jeté après avoir rempli sa mission. A la différence du papyrus ou du marbre et autres supports pérennes destinés à l’écriture officielle, l’ostracon témoigne du quotidien des peuples antiques.
Dans la Grèce Antique, et à Athènes notamment, la pratique du bannissement avait cours. Les membres de l’assemblée devaient pour cela voter en inscrivant sur un tesson de poterie l’identité de la personne dont il était question. Cette procédure d’éloignement était appelée ostracisme, nous vous laissons deviner pourquoi.
En Égypte antique, les ostraca permettaient notamment aux apprentis scribes de s’exercer avant de passer au coûteux papyrus réservé aux notes officielles. Les ostraca sont donc un support privilégié pour s’exprimer avec plus de liberté et permette -outre l’apprentissage de l’écriture, de créer des dessins explicatifs ou satiriques. Il faut en revanche savoir que la conservation des ostraca est délicate : les tessons se brisent, l’encre s’efface… Les plus lisibles se trouvent généralement dans les pays les plus chauds et secs comme la Lybie, la Syrie et bien sûr l’Égypte!

A History of Egypt from the End of the Neolithic period to the Death of Cleopatra VII B.C. 30 (8 volumes)
Quelques livres sur l’égyptologie chez Abraxas
Si nous avons choisi d’aborder ce sujet, c’est pour pouvoir vous présenter nos fabuleux exemplaires de livres en la matière!
- Catalogues d’Ostraca (rares)
-« Documents de fouilles de l’Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire : Catalogue des ostraca hiératiques littéraires de Deir El-Médineh (Tomes I et II)« , de Georges Posener. Ils concernent les ostraca hiératiques littéraires de Deir El-Médineh.
-« Documents de fouilles de l’Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire : Catalogue des ostraca hiératiques non littéraires de Deir El-Médineh (5 volumes)« , de Serge Sauneron et Jaroslav Cerny. Ils concernent les ostraca hiératiques non littéraires de Deir El-Médineh.
-« Documents de fouilles de l’Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire, Tome II : Catalogue des ostraca figurés de Deir El-Médineh (2 volumes, fascicules 1 à 4 et planches)« , de J. Vandier d’Abbadie. Ils concernent les ostraca figurés de Deir El-Médineh.
- « Revue d’égyptologie »
Cette revue annuelle publiée par la Société française d’égyptologie, est la plus vieille revue scientifique de France consacrée au sujet. Nous vous en proposons quelques exemplaires ici.
- « Annales du service des antiquités de l’Egypte »
Il s’agit de la revue officielle du Conseil suprême des antiquités égyptienne, une institution créée en 1858 par le français Auguste Mariette dans le but de surveiller les fouilles et d’en diffuser les découvertes. Nos exemplaires via ce lien.
- Autres pépites
-« A History of Egypt from the End of the Neolithic period to the Death of Cleopatra VII B.C. 30 (8 volumes)« , de E. A. Wallis Budge.
-« Iamblichus de mysteriis aegyptiorum, chaldaeorum, assyriorum proclus in platonicum alcibiadem de anima, atque demone. idem de sacrificio« , ouvrage attribué à Jamblique sur « les mystères égyptiens ».
-« Le Nil – 24 aquarelles d’après nature« , de A. E. Brehm et Dumichen.
Jetez un coup d’oeil sur les photos des livres en question grâce au diaporama ci-dessous :
10 Nov 2017
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Les Oiseaux de l’Egypte et de la Syrie, 14 magnifiques gravures par procédé Jacomet (Le Jardin de Flore 1979)
Ce n’est pas une simple trouvaille, mais un véritable trésor visuel que la librairie vous propose cette semaine ! Les naturalistes, amoureux des oiseaux mais aussi collectionneurs en tous genres vont pouvoir découvrir une très belle rareté. Il s’agit de 14 planches sous chemise représentant 44 gravures d’oiseaux égyptiens et syriens réalisées avec le procédé Jacomet. Elles sont accompagnées de cahiers d’explication et de classification des espèces signées Jules-César Savigny et Victor Audouin. Découvrez avec nous l’histoire du conquérant et du scientifique, de l’architecte et de l’imprimeur qui se cache derrière cette oeuvre magnifique.
Une des 14 planches publiées par Le Jardin de Flore
Les expéditions napoléoniennes
L’histoire originelle des ces gravures remonte au début du XIXe siècle, du temps où Napoléon avait pour ambition de conquérir l’Egypte. Outre son armée, l’empereur y a aussi emmené une importante délégation de scientifiques et artistes, dont les observations seront consignées dans l’un de chefs-d’oeuvre de l’édition française: La description de l’Egypte. Cette entreprise monumentale compte pas moins de 23 volumes, dont 13 consacrés aux gravures (ce qui représente plus de 1000 planches quasi-intégralement en noir). Un défi logistique et technique, puisque l’expédition a nécessité de nouveaux moyens pour aider fabricants de papier, les graveurs et les imprimeurs à mener à bien leur tâche hors-norme (certains formats de papier pouvaient aller jusqu’au mètre carré).
Les planches d’oiseaux dont il est question aujourd’hui, appartiennent naturellement à la série des Oiseaux, dont l’étude a été confiée à Jules-César Savigny (botaniste/zoologiste/ornithologue). Les planches originales ont été réalisées à la gouache.
Fernand Pouillot et le Jardin de Flore
Grand architecte de formation, Fernand Pouillon (1912-1986) nourrit d’autres passions qu’il finit par assouvir avec humanisme et talent. Il s’essaiera aussi à la littérature avec un roman écrit en prison et la publication de ses mémoires en 1968. Ce n’est ni à l’un ni à l’autre que nous faisons référence aujourd’hui, mais au Fernand Pouillon éditeur. Celui qui crée en 1974 le Jardin de Flore. Une maison d’édition dont le but avoué est l’excellence bibliophilique. S’entourant des meilleurs spécialistes et artisans d’art et du livre (dont fait partie Daniel Jacomet cité plus bas), il cherche à rééditer à 250 exemplaires la fine fleur des ouvrages d’art et d’architecture du XVe au XXe siècle. Il souhaite également réaliser des oeuvres originales à l’aide de méthodes artisanales autour de certains thèmes de prédilections comme les jardins, les bijoux ou encore les oiseaux…
Tirage numéroté et limité à 250 exemplaires (ici le n°91), sur papier Chiffon du Moulin du Gué
Le procédé Jacomet
Véritable artisan du livre, Daniel Jacomet s’est consacré à la recherche de techniques toujours plus poussées dans les domaines de la phototypie, du pochoir et du vieillissement du papier. Des techniques avantageusement utilisées lors de la production de fac-similés de documents anciens (« gravures et dessins rehaussés, aquarelles, pastels, sanguines et manuscrits »). A tel point que son nom est donné au procédé qu’il a élaboré et il est aujourd’hui établi que ce dernier « tend vers une fidélité de reproduction reconnue comme unique au monde« . Ainsi Jacomet compte parmi ses réalisations des fac-similés du Manuscrit B de De Vinci, celui de Champollion, mais aussi des carnets de dessins de grand maîtres peintres (Picasso, Gauguin, Matisse…)*. C’est Daniel Jacomet lui-même qui a reproduit les 14 planches de la suite des Oiseaux et procédé, entièrement à la main et avec l’aide de Jean-Marie Le Danois, à la mise en couleurs des oiseaux. Ceux-ci, au nombre de 44, sont représentés grandeur nature. Admirez plutôt!
*Plus d’informations concernant le procédé Jacomet sur le site de l’imprimeur (un savoir-faire qu’il a transmis à ses descendants).