Napoléon dans l’autre monde relation écrite par lui même et trouvée à Ste Hélène, au pied de son tombeau

Au milieu de la centaine d’ouvrages nouveaux sur Napoléon et sur le premier empire se trouvait l’ouvrage dont le titre est en tête de ce post.

Politicopolis vue par Napoléon lors de son voyage dans l'autre monde

Politicopolis vue par Napoléon lors de son voyage dans l'autre monde

Cet ouvrage Swiftien (Politicopolis fait fortement penser à l’Ile volante de Lagado) où Napoléon arrivé dans l’autre monde visite une ville nommée Politicopolis accompagné par un pur esprit que lui seul peut voir et avec qui il peut échanger sans être entendu, est supercherie littéraire qui à travers Napoléon s’attaque à tous les grands de ce monde. La cible principale n’en reste pas moins Napoléon. Il y rencontre de nombreux personnages historiques avec lesquels il évoque l’histoire de ce monde. L’auteur est très cultivé et le montre. On trouvera d’ailleurs en fin d’ouvrage une table des matières qui liste les personnages cités et rencontrés dans le livre.

Une petite citation s’impose pour donner le ton de l’ouvrage : après une longue conversation avec Elisabeth I d’Angleterre qui se finit par la décapitation de la reine vierge par le Pape Sixte V.
« Nous voilà dans la foule pressés, coudoyés par toutes sortes de gens. Un nègre se trouva nez à nez avec moi, me reconnut, et se disposait à me frapper ; mais Franceschi, l’ayant touché avec verge de fer, le terrassa en un clin-d’oeil : je le regardait attentivement, et reconnut Toussaint l’Ouverture. Quoi ! lui-dis je, ta haine envers moi, dure, même au-delà du tombeau ? Assurément dit-il, car je te regarde comme le plus grand ennemi de la liberté ! au moins les royalistes de 91 ont toujours été royalistes ; moi, j’ai toujours été Républicain ainsi que tant d’autres ; mais toi qui es-tu ? un monstre amphybie, né pour le malheur de l’Europe ; une âme pétrie d’ambition et d’égoïsme, qui dans une révolution aussi importante que celle de France, n’a vu qu’un seul but – ton aggrandissement et celui des sots de ta famille. Le bien général n’a aucune part dans tes actions…. Ce n’est pas de mon emprisonnement au fort de Joux, ni de ma mort violente dont je me plains, les tyrans agissent toujours en tyrans ; je me révolte seulement avec raison de ce que ton hypocrisie politique a fini par chasser la liberté de l’Europe entière ; il fallait aux français l’âme d’un Caton, tu as eu celle d’un César !… Mieux, eut-il valu pour le bien des nations que Robespierre regnât au lieu de toi ? … » et la conversation continue…

Absent du dictionnaire Napoléon de Jean Tulard, absent du Blavier sur les fous littéraires, absent de Versin, on ne le peut confondre avec le Discours prononcé dans l’autre monde pour la réception de Napoléon Bonaparte le 5 mai 1821… celui-ci ne faisant que 25 pages. Nous avons consulté la première édition de Histoire plaisante et récréative de Napoléon dans l`autre monde imprimé par Périquet en 1835, exemplaire de la BNF, celui-ci ne fait que 53 pages et n`a aucun rapport avec le texte que nous possédons, c`est un conte fantastique : Napoléon et son armée arrivent sur la lune et s`installe chez les habitants, y font la guerre et finissent par se marier avec les filles du roi. Absent de BNF et du CCFR mais présent à la British Library (un seul exemplaire). Le bibliothécaire lui attribue même comme auteur (avec un point d’interrogation le Baron A. H. de Jomini). Inconnu de Monsieur Tulard qui nous a aimablement répondu et qui voit mal Jomini en être l`auteur. Mais présent dans Chantal Prévot « Napoléon en exil à Sainte-Hélène. 1re partie : le temps de l’exil », Napoleonica. La Revue 2/2011 (N° 11), p. 32-150. ICI.