13 Nov 2016
« La bête est morte ! » La guerre en bande dessinée par Calvo et Dancette. Edition originale.
Zoom cette semaine sur une interprétation décalée de la Seconde Guerre Mondiale. Celle de Victor Dancette et surtout d’Edmond-François Calvo, qui réunissent leurs talents sous la forme d’une bande-dessinée à l’influence cartoon et Disney. Leur projet se nomme « La bête est morte ! La guerre mondiale chez les animaux » et comprend deux fascicules.
Nous vous proposons en librairie leur édition originale !
Une satire animalière sanglante
Sous ses airs de cartoon destiné aux enfants, « La bête est morte ! » n’en est pas moins une satire violente de la seconde guerre mondiale. Le dessin de Calvo n’a rien d’édulcoré et n’épargne pas les enfants de certaines visions d’horreur, à l’instar du dessin de la gare de Bécon-les-Bruyères qui reproduit avec un réalisme cru les atrocités de la guerre. Bien que patriotes, à l’image de leur public, les auteurs restent lucides sur les origines de la guerre ainsi que sur les erreurs commises par la France, comme le contournement de la « Ligne Livarot » (Maginot) par les forces allemandes. Les références historiques et culturelles ne manquent pas. On pense notamment à la libération de Paris, représentée par un hommage au tableau « La liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix.
Dancette et Calvo utilisent leur propre dénomination pour personnifier leurs protagonistes à plumes et à poils. Ainsi les allemands sont les loups, avec à leur tête « le Grand Loup, toujours en fureur » secondé par « le Cochon Décoré » (Hermann Göring). Dans le camp des Alliés nous retrouvons : les américains représentés par les bisons , les belges par les lionceaux, les britanniques par les dogs et les français pas les lapins, grenouilles, écureuils et cigognes. La « bête » présente dans les titres, « déchaînée », puis « terrassée » étant bien évidemment une allégorie du nazisme.
Calvo, digne représentant de « l’école française »
Edmond-François Calvo est né en 1892 dans la Seine-Maritime de parents commerçants. Il s’essaye à plusieurs métiers, d’artisan du sabot à aubergiste avant de passer définitivement au dessin, mais seulement en 1938. De 1919 à 1921, Calvo fait ses armes au « Canard Enchainé » en tant que caricaturiste. En 1938 il collabore avec les publications Offenstadt en illustrant notamment les revues jeunesse « Fillette« , « L’épatant » et « Junior« .
C’est en illustrant « La bête est morte ! » en 1944 et 1945 que Calvo entre dans la postérité. Le succès est immédiat et tel que Walt Disney le contacte pour lui proposer de travailler dans ses studios. Calvo refuse et se plonge dans différents projets personnels : « Rosalie« , le « Cricri journal » ou encore « Moustache et Trotinette ». A l’image d’autres dessinateurs pour enfants de sa génération (Marijac, Auguste Liquois, Jean Trubert, Le Rallic et Roger Lécureux), Calvo serait probablement tombé dans l’oubli sans cet ouvrage phare. Ces dignes représentants de l’école française seront en effet éclipsés peu de temps après par l’essor de l’école belge (années 1950). Pour l’anecdote, notre incontournable dessinateur et scénariste de bande dessinée Albert Uderzo rendait souvent visite à Calvo, en qui il disait reconnaître son maître.
Nous vous proposons donc de (re)découvrir cette BD incontournable de notre Histoire. Les amateurs du genre connaissent peut-être le « Maus« * de l’américain Art Spiegleman, qui dans les années 1972 et 80 transpose le génocide juif dans un univers animalier. A noter que son vénérable ancêtre « La bête est morte ! » est la première bande dessinée à mentionner l’existence de la Shoah. Une édition originale assez rare dans cet état de conservation et qui n’a rien perdu de son mordant.
Maus signifie souris en allemand.
22 Nov 2016
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Michel Vaillant, Chick Bill et Dan Cooper, les héros de la Collection du Lombard en édition originale !
Les amateurs de bande dessinée sont à l’honneur cette semaine chez Abraxas-Libris ! Retour sur l’histoire de la Collection du Lombard, des publications qui sont entrées dans les annales de la bande dessinée. Replongeons-nous avec délice dans les exploits de Michel Vaillant, les aventures de Dan Cooper, de Pom et Teddy ou encore de Lefranc…
« L’ouragan de feu » de Jacques Martin. Une édition originale de la Collection du Lombard
Dargaud-Lombard, une amitié franco-belge
C’est en 1936 que Georges Dargaud fonde sa maison d’édition. Bien que publiant principalement dans le domaine de la presse familiale, Dargaud cherche aussi à explorer le secteur de la bande dessinée. Il lance son premier périodique BD en 1943 (« Allo les jeunes »), suivi 3 ans plus tard par « Bob et Bobette ». C’est durant cette même année que les Éditions du Lombard voient le jour du côté de nos voisins belges. Son but premier étant d’assurer la diffusion du « Journal Tintin ». Cet hebdomadaire créé à l’initiative de Raymond Leblanc, fondateur des Éditions du Lombard, réunit des talents de renom tels que E. J. Jacobs (« Blake et Mortimer »), Jacques Laudy (« Hassan et Kaddour »), Paul Cuvelier (« Corentin ») et bien sûr Hergé (« Tintin »).
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Georges Dargaud décide de lancer l’édition française du « Journal Tintin », suite à sa rencontre cruciale avec Raymond Leblanc. En 1955, Dargaud approfondit l’idée en décidant de publier les albums issus du journal. C’est ainsi que que la collection « Une histoire du journal Tintin » prend vie et fait exister ses héros indépendamment. En 1986 et 1989, Lombard et Dargaud rejoignent le groupe Média-Participation, chaque maison gardant une ligne éditoriale indépendante.
Les aventures de Dan Couper, « Duel au soleil » d’Albert Weinberg, une édition originale de la collection du Lombard (1962)
Le Lombard, une collection culte
Que ce soit dans son édition belge avec Le Lombard ou française avec Dargaud, la collection du Lombard reste une référence dans le monde de la bande dessinée. Les collectionneurs ne manquent pas de prêter attention à certains détails a priori sans importance pour les profanes : toile au dos rouge, quatrième de couverture à damiers bleus ou verts ou dite « à la peau d’ours », présence du timbre Tintin en dernière page ou encore le dernier titre marqué au 4e plat… La qualité d’impression de l’époque n’a par ailleurs rien à voir avec celle d’aujourd’hui. En effet, les couleurs, plus intenses et contrastées accrochent l’œil pour un rendu plus authentique, moins lisse que nos publications modernes. Autant de détails qui donnent des indices sur la rareté d’un ouvrage, la preuve qu’il s’agit bien d’une édition originale, sa particularité et sa valeur.
Voici la liste des ouvrages de bande dessinée -pour la plupart en édition originale française ou belge, proposée par notre librairie. Nous vous invitons à cliquer sur le titre pour accéder à de plus amples informations.
Les Aventures de Dan Cooper
–« Cap sur Mars », d’Albert Weinberg (1960)
–« Le maître du Soleil », d’Albert Weinberg (1958)
–« Duel dans le ciel », d’Albert Weinberg (1962)
Les exploits de Michel Vaillant
–« Le circuit de la peur », de Jean Graton (1961)
–« Route de nuit », de Jean Graton (1962)
Les aventures de Lefranc
–« La grande menace », de Jacques Martin (1957)
–« L’ouragan de feu », de Jacques Martin (1961)
Les aventures de Chick Bill / de Pom et Teddy
–« Le monstre du lac », de Greg (1958)
–« Le talisman noir », de F. Craenhais (1958)
Depuis, les éditions Dargaud ont largement participé à rendre la bande dessinée populaire. Quelques auteurs cultes qu’elles ont publié : Uderzo et Goscinny, Enki Bilal, Gotlib, Bretécher, Druillet, Fred, Greg, Cabu, pour n’en citer que quelques uns ! Quant aux éditions originales dont nous vous avons parlé aujourd’hui, elles sont idéales pour se lancer dans une nouvelle collection de BD. En effet, comparativement à des publications très prisées en éditions originales du type Dupuis (comme les « Spirou » ou « Gaston Lagaffe »), elles restent très abordables. Vous cherchiez un cadeau de Noël ?