9 Fév 2016
Arrachez les bourgeons tirez sur les enfants, Kenzaburo Oé, 1958
Dans ce roman écrit en 1958 (édité ici chez gallimard, collection l’imaginaire, 2012) Oé décrit avec une intensité poétique bouleversante, le parcours de ces enfants à qui ont a retirés le droit de vivre. L’écriture d’Oé possède un grand pouvoir évocateur, attachée à décrire l’instant présent, elle mêle la chaire, la neige, le sang et les larmes. Ils, oui ils n’ont presque plus d’identité, ils sont en centre de redressement et la guerre n’arrange pas leur situation, partout où ils vont, ils sont étrangers, ils ont perdu leur humanité, on les traite comme des monstres. Comment garder son humanité quand le seul rapport au monde est la violence ? Voilà la question que pose Oé sans donner de réponse. « Camarades, je suis le dernier ! » aurait pu dire le héros de ce livre comme le pendu de « Si c’est un homme » de Lévi. Percutant, fort, émouvant et ce court récit aborde avec poésie des questions qui sont actuellement mécanisées par la pensée spectaculaire de nos gouvernants !!!
Post rédigé en écoutant « Temple of the Golden Pavillon, like some enormous music » de Philip Glass
23 Fév 2016
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Malpertuis, de Jean Ray
Un chef-d’oeuvre fantastique, qui confronte le simple de la vie quotidienne avec les grands mythes fondateurs de l’occident, voila ce qu’est ce grand livre : Malpertuis, de Jean Ray.
Malpertuis, c’est le nom d’une demeure magnifique, dans laquelle vit un vieil homme, Cassave, proche de la mort. Son héritage sera colossal, mais sans descendants directs. Il convoque donc de possibles futurs héritiers, choisis par lui, et leur propose un étrange marché : ils vivront à Malpertuis, et le dernier en vie héritera (si c’est un homme et une femme, ils se devront se marier, et partager).
Mais dans cette quotidienneté, le fantastique entre toujours par effraction : qu’est-ce qui se joue réellement ici ? Qui sont tous ces personnes réunies là ? Et que cherche vraiment Cassave ?
Véritable chef-d’oeuvre, et sans conteste l’un des meilleurs romans de Jean Ray, ce livre aux voix multiples qui s’entrecroisent touche à ce qu’est réellement le fantastique : une zone de non-droit du réel, zone qui ici prend la forme d’une maison grimaçante…
À noter que ce roman a été adapté au ciéma (avec Orson Welles en Cassave !), qu’il est cité de manière très régulière par tous les auteurs de fantastiques, et qu’une excellente maison d’édition, ne publiant que du fantastique, a pris pour nom celui de ce roman !